Cinéma : c'est Venise (pour l'éternité)

Au sein de la Biennale de Venise et des arts (théâtre, musique, danse...), pouvant sans doute être valorisés encore davantage - en particulier cette année, en ce 125ème anniversaire Biennale - la plus familière et prestigieuse Mostra vient d'organiser et d'affronter courageusement sa 77ème édition. Autrement dit avec détermination et satisfaction, dans un contexte pandémique où le monde de la culture essaie de survivre autant que ses représentants et ceux qui les suivent...

Pour le dire dans la langue de Dante, la Biennale compie 125 anni e la Mostra Internazionale d’Arte Cinematografica ha egregiamente organizzato la sua 77esima edizione (la prima e l'ultima - si spera ! - "Covidedizione"). O, se preferite, edizione-miracolo stando a quanto affermato dalla presidente di giuria Kate Blanchett.

Une édition-miracle en dépit - et en vertu ! - des prises de température, de la programmation de rediffusions supplémentaires pour moins de public à chaque séance, port du masque rigoureuseument surveillé, tapis rouge blindé (accès indirect par le grand et le petit écran, et tant pis pour le mur, qui pour une fois avait du sens (et qui n'a pas empêché une participation autre). Petit complément : absence de quelques stars hollywoodiennes pour cause de frontières fermées (à la circulation du virus d'abord...)¹.
 Comme remarqué par la presse, donc, « fini l'attroupement des badauds, beuglant et interpellant les vedettes ». Bref, fini ces excès qui relèguent au deuxième plan sujets et messages des films. Un peu comme cela s'est passé avec l'univers musical international : nous avons beaucoup aimé le déroulement plus mesuré du dernier "Eurovision song festival", où les morceaux - toujours nombreux mais abrégés - n'étaient pas en compétion pour la première fois. Mais faut-il passer par un redoutable Covid pour proposer, où que l'on se trouve, des manifestations ou spectacles où l'on oublie le culte de l'apparence et de la frivolité ? Ceci dit, il faut admettre que, malgré la tendance,  Venise a toujours été un peu à part, "gardant (déjà) ses distances" de la folie des grandeurs, pour se rapprocher de films de qualité et de leurs protagonistes-personnes, plus que personnages. 

1. Côté italien, c'est Nanni Moretti qui aurait préféré s'absenter de la Mostra dans l'idée, cette fois, de présenter son film à Cannes 2021, n'ayant pas pu le faire comme prévu cette année, pour annulation de Cannes 2020. L'on affirme que son film "Tre piani" ("Trois étages") est l’une de ses réalisations les plus réussies. Pour rester sur Nanni Moretti, de notre modeste point de vue, le cinéaste critique, observateur et indépendant (réalisateur de "Caro diario" - lien où il évoque la place des "minoranze" - et de "Aprile", centré sur des notions sans frontières de transmission et d'esprit critique) perd un peu de son épaisseur dans certains de ses films, par delà une presse qui préfère demeurer bienveillante (nous pensons particulièrement à "Caos Calmo", qui en a choqué plus d'un, même s'il n'en était pas le réalisateur...). Mais Moretti se rattrape récemment avec un film-documentaire important, comme "Santiago, Italia", et nous attendons sa dernière sortie,"Tre piani", qui s'annonce très psychologique et métaphorique. 

Par delà présences, absences et contraintes, le bon (et plus que bon) déroulement de l'historique "Mostra 77" semble suggérer que la très belle définition officielle du Festival "ne meurt jamais", comme Venise elle-même : « La Mostra vuol favorire la conoscenza e la diffusione del cinema internazionale in tutte le sue forme d'arte, di spettacolo e di industria, in uno spirito di libertà e di dialogo ». In francese : « la Mostra veut encourager la connaissance et la diffusion du cinéma international dans toutes ses formes d'art, de spectacle et d'industrie, dans un esprit de liberté et de dialogue ».

Après avoir exprimé sa satisfaction quant au bon déroulement 2020 et à ses exigences de sécurité et de qualité respectées, Roberto Cicutto, le Président de la Biennale remercie le Directeur de la Mostra : « Ringrazio il direttore Alberto Barbera e il suo staff per l’incredibile lavoro fatto in un tempo cosi? difficile, superando difficolta? e scetticismi che avrebbero potuto scoraggiare [décourager] anche i piu? ottimisti ».

Venezia '77, amici, si è aperta con il film "Lacci" di Daniele Luchetti² (nel cast, l'amatissimo Luigi Lo Cascio, le très aimé protagoniste du film de Marco Tullio Giordana, "I cento passi", à connaître assolutamente...). Ed ha avuto come conduttrice, o meglio come madrina (présentatrice de cérémonie), una bravissima e felicissima Anna Foglietta (ci-dessous), à connaître également, en particulier pour son rôle d'épouse (de l'excellent Francesco-Claudio Gioè) et d'enseignante honnête et toujours précaire dans la remarquable et très méritoire série télé "La mafia uccide solo d'estate" de Pif (super-lien en vue, semble-t-il, sur inscription...). Une série plébiscitée pour forme et contenu (en Italie et au delà), et devenue en 2016 le film "In guerra per amore" ou "Bienvenue en Sicile", toujours du même réalisateur. Il s'agit du polyvalent et passionné Pierfrancesco Diliberto (Pif), qui s'inscrit dans la tradition de la meilleure (tragi)comédie à l'italienne tout en faisant preuve d'une grande originalité. Une très belle personnalité, modeste et détachée, dont on ne peut que vous recommander films et réflexions. Pif, in tutta la sua semplicità ed il suo immenso lavoro, merita tutta la nostra stima e attenzione :)

2. À vrai dire - et par delà la très italienne et très réussie scène de bal de la bande annonce - la présentation de "Lacci" (film tiré du roman de l'écrivain et valeur sûre Domenico Starnone) ne nous a pas convaincus... Concernant Luchetti, nous préférons signaler le récent "Io sono tempesta", avec Elio Germano, ainsi que son premier film d'envergure, avec Nanni Moretti: "Il portaborse" (nous aimons indiquer plutôt le titre original, mais vous avez encore notre lien-link). 


 

Bella, brava e... perfetta, Anna Foglietta :)
 

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