POÉSIE - POESIA... RÉPONSES - RISPOSTE
 


1)


Francis ponge
 

Il s'agit de Francis Ponge (1899 - 1988), qui affirme sa poétique dans le recueil de 1942, qui le rend célèbre : "Le parti pris des choses". Alors que beaucoup de poètes, comme Mallarmé, donnent l'initiative aux mots, c'est des choses que le poète prend le parti, jusqu'à leur donner la forme du "poème en prose", et à fabriquer le néologisme "proèmes" (fusion de "prose" et de "poème"). L'objectivité du langage est poussée jusqu'à ses extrêmes limites, pour que l'objet déploie toute sa charge poétique de mysstère et d'insolite.
Tiré du recueil cité, voici un exemple qui nous fait aimer ces deux formes de langage ainsi que les idées d'observation contemplative et de précision, non sans une certaine musicalité :


« LA PLUIE. - La pluie, dans la cour où je la regarde tomber, descend à des allures très diverses. Au centre, c'est un fin rideau (ou réseau) discontinu, une chute implacable mais relativement lente de gouttelettes probablement assez légères... À peu de distance des murs de droite et de gauche tombent avec plus de bruit des gouttes plus lourdes, individuées. Ici elles semblent de la grosseur d'un grain de blé, là d'un pois, ailleurs presque d'une bille. Sur des tringles, sur les accoudoirs de la fenêtre, la pluie court horizontalement tandis que sur la face inférieure des mêmes obstacles elle se suspend en berlingots convexes ».

Il est vrai par ailleurs que la pluie d'antan est devenue la "tempête Alex" (et autres) d'aujourd'hui... et qu'il serait impossible désormer de la "contempler", et même de trouver tous les mots pour décrire ses dégâts ! Ma, naturalmente, questa "pioggia" è solo un esempio di tutto ciò che il poeta ci invita ad esaminare con più calma e attenzione (a voi di scoprire il resto...).

Ces textes courts et élégants, mêlant mots courants et recherchés, se prêtent aussi à de petites dictées... et, en lycée, à de très intéressants exercices d'écriture...

 

2)

Alfred musset

"Pâle étoile du soir, messagère lointaine" est un très beau poème d'Alfred de Musset (1810 - 1857), dont voici l'intégralité :
 

Pâle étoile du soir, messagère lointaine,
Dont le front sort brillant des voiles du couchant,
De ton palais d'azur, au sein du firmament,
Que regardes-tu dans la plaine ?

La tempête s'éloigne, et les vents sont calmés.
La forêt, qui frémit, pleure sur la bruyère ;
Le phalène doré, dans sa course légère,
Traverse les prés embaumés.

Que cherches-tu sur la terre endormie ?
Mais déjà vers les monts je te vois t'abaisser ;
Tu fuis, en souriant, mélancolique amie,
Et ton tremblant regard est près de s'effacer.

Étoile qui descends vers la verte colline,
Triste larme d'argent du manteau de la Nuit,
Toi que regarde au loin le pâtre qui chemine,
Tandis que pas à pas son long troupeau le suit, -

Étoile, où t'en vas-tu, dans cette nuit immense ?
Cherches-tu sur la rive un lit dans les roseaux ?
Où t'en vas-tu si belle, à l'heure du silence,
Tomber comme une perle au sein profond des eaux ?

Ah ! si tu dois mourir, bel astre, et si ta tête
Va dans la vaste mer plonger ses blonds cheveux,
Avant de nous quitter, un seul instant arrête ; -
Étoile de l'amour, ne descends pas des cieux !



Questo dolce, elaborato e composto lirismo amici, seppur nella sua originalità, ricorda un po' quelle composizioni, di poco precedenti, di Giacomo Leopardi, sempre dedicate alla luna, e in particolar modo "Canto di un pastore errante nell'Asia" (come forse già sapete, C.& S. ha invece presentato "L'infinito" ai nostri francesi). Comunque, per meglio apprezzare de Musset (che è anche autore teatrale, anch'egli attratto dall'Italia, vedi il suo "Lorenzaccio"), ecco la traduzione italiana di quest'intenso "poème" :

 

Pallida stella della sera, messaggera lontana,
la cui fronte risplende tra i veli del tramonto,
dal palazzo tuo blu in mezzo al cielo
cosa guardi in pianura?

La tempesta s’allontana e i venti si placano,
la foresta che freme, ora piange sulla brughiera.
La falena dorata, nella sua leggera corsa,
attraversa l'erba profumata.

Cosa cerchi sulla terra assopita?
Ma già verso i monti ti vedo discendere.
Fuggi, col sorriso, malinconica amica,
e il tuo sguardo tremante si attenua.

Stella che discendi sulla verde collina
triste lacrima argentata del manto della notte,
tu che da lontano guardi il pastore che avanza
mentre a poco a poco il suo gregge lo segue.

Stella, dove vai in questa notte immensa ?
Cerchi forse, sulla riva, riposo tra i canneti?
Perché mai, sì bella e nell’ora del silenzio
cadi come una perla negli abissi del mare?

Ah! Bell'astro, se devi morire, e se la tua fronte
deve spandere nel vasto mare i suoi biondi capelli,
prima di lasciarci, fermati un istante ; —
stella dell’amore, rimani in cielo!


 

Et, si l'on ne peut (plus ?) tout retenir (naturellement !), se non si può imparare e ricordare tutto, on peut néanmoins choisir nos vers, ou bien... décider de faire sienne cette citation d'Alfred de Musset : « Je ne sais où va mon chemin, mais je marche mieux quand ma main serre la tienne ». :)

 

3) Écrivons d'abord, d'une manière plus complète et significative, ces mots extraits de "La Parole en archipel" (sa manière de désigner la poésie en prose) : « Impose ta chance, serre ton bonheur, et va vers ton risque. À te regarder, ils s'habitueront ». Naturellement, il ne s'agit pas de courir après n'importe quel risque ! Cela dit, c'est bien une dynamique qui fonctionne, en effet, quand on est aussi raisonnablement que passionément très sûr de son chemin... Fin de suspense (photo à part...) : l'auteur de ce propos encourageant est René Char (1907-1988).
Comme Robert Desnos, René Char - également engagé dans la Résistance, et ami de Paul Éluard - s'affranchit de ses premières influences surréalistes, pour donner vie à une véritable poésie « sans maître », indépendante. Pour Char, la vie oscille entre la fureur du monde, qui détruit toute cohérence, et le mystère de la parole poétique qui, par delà toute contradiction, redonne l'espoir (Bescherelle, "Chronologie de la littérature française").

 

Rene char 1966


"Unjourunpoeme.fr" rappelle que, dans sa préface à l’édition allemande des « Poésies » de Char (1959), son fidèle ami Albert Camus écrit : « Je tiens René Char pour notre plus grand poète vivant. La nouveauté de Char est éclatante [...]. Après tant d’années où nos poètes, voués d’abord à la fabrication de « bibelots d’inanité », n’avaient lâché le luth que pour emboucher le clairon, la poésie devenait bûcher salubre. L’homme et l’artiste, qui marchent du même pas, se sont trempés hier dans la lutte contre le totalitarisme hitlérien, aujourd’hui dans la dénonciation des nihilismes contraires et complices qui déchirent notre monde [...] Poète de la révolte et de la liberté, il n’a jamais accepté la complaisance, ni confondu, selon son expression, la révolte avec l’humeur [...] Bien que solitaire, Char rassemble, et à l’admiration qu’il suscite se mêle cette grande chaleur fraternelle où les hommes portent leurs meilleurs fruits. Soyons-en sûrs, c’est à des œuvres comme celle-ci que nous pourrons désormais demander recours et clairvoyance ».

Pour René Char, en accord avec le portrait photo choisi, nous vous présentons cet exemple de fragment de légèreté (le fragment 17 du recueil "Les Feuillets d'Hypnos"), qui ne perd pas de vue "l'essentiel"...

« J’ai toujours le cœur content de m’arrêter à Forcalquier, de prendre un repas chez les Bardouin, de serrer les mains de Marius l’imprimeur et de Figuière. Ce rocher de braves gens est la citadelle de l’amitié. Tout ce qui entrave la lucidité et ralentit la confiance est banni ici. Nous nous sommes épousés une fois pour toutes devant l’essentiel ».

 

4) Un acrostiche est un poème ou une strophe dont les premières lettres de chaque vers forment un mot quand elles sont lues verticalement. Peut-être connaissiez-vous le procédé sans savoir qu'il avait un nom aussi précis et joli... Exemple très modeste et sans rime (si besoin) :
 

Culture & Santé
Imagine un acrostiche
Avec le sourire
Ou avec grand plaisir
!...

 

Clin d oeil