Merci d'avoir suivi jusqu'au bout nos choix "Culture & Santé", impliquant également la pleine reconnaissance des fables les plus connues, à commencer par notre préférée : "Le lièvre et la tortue", sans doute... Un bel éloge de la lenteur (à prendre avec un certaine mesure, bien sûr !) et d'une certaine humilité ; surtout, une critique aigue de l'hyper-rapidité-efficacité. Mais aussi un plaidoyer pour la réflexion ou même pour la "contemplation" ; bref, un message plus que jamais à contre-courant pour les lièvres que nous sommes (presque) tous devenus, parfois bien malgré nous !
Pour terminer, vous aurez droit à cette analyse particulièrement intéressante, extraite de la collection de référence "Lagarde & Michard", à la page intitulée "L'univers moral des fables".
Nous trouvons parfois aux gens des airs d'animaux. Notre fabuliste prête aux animaux une âme élémentaire et s'élève contre les « animaux machines » de Descartes. Il attribue à toutes ces bêtes un caractère en harmonie avec leur aspect physique. S'il manque ainsi à la réalité scientifique, il élabore une vérité artistique d'un effet saisissant.
Lorsque, par delà ces modèles, les bêtes ont un embryon de caractère, La Fontaine l'enrichit considérablement, de sorte que le monde animal en vient à représenter la société des hommes, avec leur psychologie complexe, leurs passions et leurs vices [surtout leurs vices ?].
Cette peinture bien pessimiste de la pauvre humanité n'est-elle pas conforme à celle du génie satirique de Molière ou à celui de La Bruyère ? Encore pourrait-on [peut-être...] dire que la peinture de l'homme est plus complète chez La Fontaine, car il lui est arrivé de nous montrer aussi des vertus telles que l'hônneteté et la modération (X, 9), la générosité (VI, 13), le désintéressement (XI, 9) et l'amitié (IX, 2 ; VIII, 10 et VIII, 11) qui, fort heureusement, sont aussi des traits permanents de la nature humaine.
Musée du Louvre : la magnifique statue de La Fontaine,
œuvre de Pierre Julien, sculpteur du roi.