Médicaments en ligne…
En France, seule la vente de médicaments délivrés sans ordonnance est possible en ligne. Et, ce, depuis 2013. Pour ouvrir ce qui se nomme une « officine virtuelle », il faut être pharmacien établi en France et titulaire d’une officine.
Cependant, dans les faits, la vigilance lors de l’achat se résume souvent à un questionnaire sur l’état du patient (âge, poids, taille, traitements en cours). Parfois, nous trouvons une proposition de tchat et, normalement, des recommandations dans le mail suivant l’achat. Selon l’association « Familles rurales », 46% des sites n’exigent toujours pas la confirmation que l’acheteur a lu la notice de l’ensemble des médicaments proposés. Et, concrètement, comment vérifier sans contact direct que le malade a bien compris bénéfices et risques du médicament qu'il achète ?
Naturellement, les soucis inhérents à l’achat en ligne ne s’arrêtent pas là… et "60 millions de consommateurs" les passe tous en revue. Sur "Culture & Santé", ce petit aperçu sur le sujet, que l'on pourrait résumer par "une démarche bien risquée", devrait pouvoir suffire ! À moins qu'en réalité vos commandes d'antidépresseurs vous réservent autre "chose" de plutôt efficace...
Nos psychotropes et nous…
Voici un titre secondaire calqué sur notre titre principal car, même si cela étonne en apparence, les psychotropes sont désormais des médicaments familiers à bon nombre d’entre nous. N’ayons pas peur d’admettre que la France a longtemps été l’un des états d’Europe où la consommation de psychotropes était le plus élevée. En tant que site franco-italien, signalons que la situation en Italie à ce sujet (antidépresseurs), certes moins grave (présence plus solide des proches, y compris des plus aînés, au Sud surtout, cf carte de notre lien), n’est pas des plus heureuses non plus, la pandémie "aidant"...
Pour revenir à l’Héxagone, si, depuis cinq ans, la prise de somnifères et d’anxyolitiques a fort heureusement diminué, il manque encore dans notre pays une volonté politique forte de réduire leur prescription (naturellement, nous ne faisons absolument pas référence ici aux personnes qui en ont réellement besoin ; nous reviendrons sur ce point en conclusion).
Regardons de plus près ces « appels à l’aide » pour plus de sérénité : pendant notre période de confinement, notre hygiène de vie s’est considérablement détériorée (exceptions à part) : troubles du sommeil, anxiété, dépression voire agressivité (pensons aussi, à l’exrême, au drame indicible des femmes battues, où le « problème » sanitare, puis criminel - les deux n’étant pas toujours liés, bien sûr ! - naît de profondes « problématiques » - autre euphémisme – de caractère social et moral.
Bref, même sans aller dans ce cas de figure, qui mériterait un article à part (racines du machisme), notre santé mentale a été mise à rude épreuve.
Plus précisément, d’après Santé publique France, nous étions 30% à souffrir d’anxiété pendant le confinement, contre 14% en temps normal. La proportion a donc plus que doublé.
Au fil du temps, les symptômes se sont estompés, sans pour autant pouvoir retrouver notre état initial. La prise de psychotropes, quant à elle, a grimpé et n’est jamais redéscendue… même plusieurs semaines après la fin du confinement ! Le taux de personnes consommant des médicaments psychotropes a augmenté de 3,4 points c’est à dire de 2 millions d’individus…
Attention danger de dépendance psychique et physique… Le Dr Jean-Victor Blanc, psychiatre à l’hôpital Saint-Antoine à Paris, prévient : « Souvent, plus l’effet de soulagement d’un médicament de ce genre est rapide, plus le risque d’addiction est fort. » Il faut être d’autant plus vigilant et sage lorsque l’on prend conscience que les patients sont tentés d’allonger leur traitement et d’augmenter les doses pour retrouver cette sensation de bien-être immédiat.
A-t-on encore besoin de rappeler l’avertissement de la Haute Autorité de Santé à ce propos ? « l’exposition prolongée aux benzodiazépines est la porte ouverte à à un risque de dépendance psychique et physique. »
Ajoutons le résultats de nombreuses études : les personnes consommant des benzodiazépines pendant plus de trois mois (voire moins selon âge), présentent environ 50 % de risques de développer une maladie d’Alzheimer que ceux qui n’ont pas recours à ces "solutions miracle". Même s’il n’y a pas de lien de causalité directe entre Alzheimer et benzodiazépines – comme précisé par le Dr Sylvie Royant-Parola, psychiatre spécialiste du sommeil – les effets indésirables avérés de ces médicaments constituent déjà « de bonnes raisons d’être prudents , toujours selon "60 millions de consommateurs", magazine de référence pour cet article.
Notre mot de la fin sera dédié aux personnes souffrant réellement de troubles psychotiques, toute pathologie confondue. Car moult article mettant en garde sur les contre-indications médicamenteuses ou effets secondaires ne le disent pas assez : à notre humble avis, même si à eux seuls, les psychotropes ne garantissent pas de guérison complète, ils restent les premiers et les meilleurs alliés au sein d'un traitement ciblé conçu pour une pathologie mentale. Les autres ingrédients pour la stabilisation contiennent tous une forte dose d'affection, à manifester comme il vous plaira, mais fortement marquée ou adaptée à une hypersensibilité.
En présence de ces adultes (de ces adolescents ou de ces enfants) au grand cœur, qui rechignent - un sur deux selon statistiques - à prendre des médicaments leur rappelant régulièrement un handicap particulièrement difficile à admettre (par delà toute, indispensable, prise de conscience), évitez de dénigrer les médicaments de manière générale (sur ce point, nous allons un peu à contre-courant de notre article, bien que nous ayons pris soin de respecter la nuance).
Il faut que vos enfants, vos proches ou amis, éventuellement dans cette situation, puissent comprendre que, dans leur cas, le ou les médicaments pris régulièrement (et de manière autonome) dans le cadre d'un traitement, ne sont pas optionnels. Plus ils seront en mesure de saisir tous les bénéfices des comprimés prescrits, et de les "adopter", plus leur nombre pourra éventuellement diminuer progressivement, comme on sait. La prise quotidienne ne sera plus qu'un automatisme qui, paradoxalement mais sûrement, leur redonnera calme, confiance et plus de liberté. S'ouvrir sainement aux autres et au monde, d'une manière ou d'une autre, sera alors possible et se présentera comme un vrai rempart contre la morosité la plus profonde ou la plus justifiée... Voilà qui paraît bien plus appréciable qu'un risque de nouvelle décompensation (ou qu'une "rechute" tout court), souvent plus sérieuse encore que la précédente, et lourde de conséquences.
Notre conclusion à ces données et réflexions est (trop ?) simple... en se voulant claire : en tant que consommateurs avertis (et d'abord citoyens vigilants) prêtons attention à certains médicaments (et substancesou composants) en particulier, sans pour autant tout incriminer (génériques en tête). Évitons l'abus d'antidépresseurs ou d'anxyolitiques (psychotropes)... mais, en cas de réel diagnostic, en tant que remèdes fondamentaux n'excluant pas d'autres soins aussi subjectifs que nécessaires, faisons confiance1 par principe à ces médicaments ou associations médicamenteuses (à adapter, réguler et stabiliser) à destination des personnes qui en ont réellement besoin et qui peuvent - tout aussi réellement en respectant prises et doses - aller de mieux en mieux...
1. Naturellement, faire confiance n'exclut jamais une bonne dose d'esprit critique et d'attention, et le monde de la santé est allé globalement en ce sens, avec un patient averti (le "patient acteur" mais aussi, d'abord, auteur de sa santé, qui se documente et se responsabilise, selon la notion d'"empowerment" ; patient que son médecin regarde davantage comme un partenaire de soin). D'autre part - beaucoup le pensent, peu le disent, peut-être - dans tous les domaines, l'excès de fausse liberté (liberté de s'exprimer et de porter des jugements sur ce que l'on ne connaît pas / pas suffisamment) se traduit par une critique systématique, pouvant viser aussi des institutions compétentes. Une "critique à tout prix" inconcluante et souvent bien destructive (le cas spécifique et délicat de la santé mentale l'illustre bien)... Dans une société beaucoup plus complexe et fondée sur les apparences (l'écrivain Italo Calvino l'avait bien compris), il devient certes de moins en moins aisé de comprendre où pouvoir diriger sa confiance (bureaucratie, certains médias...). Mais la "superstition", les suppositions et idées non vérifiées ou les jugements hâtifs et non fondés ne sauraient remplacer la solidité de certains champs d'action ou de disciplines comme la science, la biologie ou la pharmacologie (par delà leurs divergeances). Disciplines anciennes ou plus récentes, précieuses pour la recherche en santé (et contre la maladie, pour tout ce qui "dépend de nous" et souvent pour ce qui semble invincible...).
Et maintenant, pour vous remercier de nous avoir suivis jusqu'au bout (même après cette dernière photo...), deux petits plus : une courte bibliographie (publications qui nous ont paru intéressantes, en sus du guide indiqué), ainsi qu'un cahier pédagogique déniché sur le net (lien ci-dessous, sempre in rosso). Des infos utiles en matière de médicaments, et présentées de manière agréable. Ce qui devrait vous donner envie de retenir certains éléments mais aussi, peut-être, de partager à votre tour ce que vous jugerez plus important... y compris, éventuellement, concernant cet article "Culture & Santé", né de la lecture de "60 millions de consommateurs" et de notre intérêt pour la question, qui est aussi le vôtre ;)
Dans l'immédiat, après les bibli-indications ci-après, bonne découverte pdf de votre cahier guide sur les médicaments. Comme nous, essayez de bien prendre le temps - ou les temps - de la lecture, et aussi parfois de filtrer l'info, du mieux que vous le pouvez (quelle richesse en la matière...). Notre santé "le vaut bien" !
- Le "Guide pratique des médicaments génériques" de Denis Stora, aux Éditions Odile Jacob.
- Un autre guide, actuel et pour toute la famille, incluant nos médicaments génériques. Auteurs : les Dr Peytavin et Guidon.
- Plus abordable, "Les médicaments en 100 questions" du Professeur François Chast présente aussi un caractère historique. Il se développe à partir de questions simples et traite aussi de la question de l'homéopathie.
- en lien avec un passage de notre réflexion, voir ce que l'on pourrait intituler "Nous et nos notices...". Certes, l'exhaustivité de la plupart des notices, bien que souvent alarmante, ne peut en elle-même être pointée du doigt, bien au contraire. Mais il suffirait peut-être de mentionner davantage le simple respect des doses (et l'éventuel rapide recours à son médecin) pour qu'un sixième des lecteurs de notices environ (étude de 2015, cf. lien) ne prenne plus la décision d'arrêter un traitement indispensable ou fortement préconisé. Il nous semble que la question de la liberté de choix individuel (du traitement), dont les enjeux sont le bien et l'équilibre de la personne concernée (et de ses proches !) soit un vrai sujet à méditer, au regard du degré d'efficacité du traitement établi (ou à établir) et de la pertinence d'éventuelles alternatives, et compte tenu surtout du type de pathologie en question.