ADIEU À ALAIN DELON...

Naturellement, nous nous penchons sur Alain Delon, ce grand acteur, réalisateur, chanteur et producteur franco-suisse. Un parcours si riche... fait de mille éléments pouvant être mis en avant à notre tour (controverses familiales à part, et "douteuses" idéologies à part aussi, ponctuelles - et antiféministes aussi... à vous d'approfondir -, qui ne se seraient jamais traduites par un vote...).
Mais retenons ici, "Culture & Santé/Cultura & salute" oblige, surtout ce qui touche aux liens de Delon avec la péninsule (en sus, ce monstre sacré, aux yeux bleus pétillants, se débrouillait très bien dans la langue de Dante). Tâchons aussi de bien illustrer, et d'insérer quelques remarquables réactions.

Comme celle de Costa-Gavras pour Radio France : « Il y a eu un avant et il n'y aura pas d'après, car Delon restera Delon dans la vie du cinéma pour toujours. Il n'y aura pas d'imitation, il n'y aura pas d'autre acteur qui lui ressemblera parce que c'est impossible ».

Delon, si unique donc... et pas enchanté par l'idée d'une carrière à Hollyhood, malgré moult propositions en ce sens et une nomination au Golden Globe de la révélation masculine.
Et, à propos de récompenses, rappelons le César du meilleur acteur pour son rôle dans "Notre histoire", en 1985, et une Palme d'honneur en 2019 pour l'ensemble de sa carrière, lors du Festival de Cannes.

Côté cœur, entre autres infos (!) : alors qu'il se remet de sa séparation avec Romy Schneider (avec laquelle les premiers contacts étaient tout sauf positifs !), Alain Delon retrouve Dalida à Rome, en 1963, pour une brève mais intense liaison, cassant monotonie et contraintes des tournages. Quant aux autres femmes de sa vie, et à ses enfants, vous savez tout, déjà, n'est-ce pas ? Sapete già tutto in materia, vero?

Mais ici, le saviez-vous également ? À ses débuts, c'est dans les studios romains et italianissimes de "Cinecittà" qu'il passe des essais concluants, qui lui valent la proposition d'un contrat de sept ans aux États Unis. Il se met donc à l'étude de l'anglais, mais l'actrice Michèle Cordoue, dont il est devenu l'amant, parvient à convaincre son mari, le réalisateur Yves Allégret, de l'engager pour tourner son premier film, "Quand la femme s'emmêle". Alain Delon raconte : « Je ne savais rien faire. Allégret m'a regardé comme ça et il m'a dit : « Écoute-moi bien Alain. Parle comme tu me parles. Regarde comme tu me regardes. Écoute comme tu m'écoutes. Ne joue pas, vis » . Ça a tout changé (!!) ». Une belle modestie !

En 1961, avec "Rocco et ses frères" de Luchino Visconti, il remporte le Prix spécial du Jury au Festival de Venise. L'année suivante, en 1962, il donne la réplique à Monica Vitti dans "L'Éclipse" de Michelangelo Antonioni (photo), film qui obtinent le Prix spécial du jury à Cannes.
Encore l'année suivante, en 1963, et pour notre plus grand plaisir, il retrouve Luchino Visconti pour incarner Tancrède dans le célébrissime "Le Guépard", en bonne compagnie... c'est à dire avec Claudia Cardinale et Burt Lancaster. "Il gattopardo" obtient la Palme d'or au festival de Cannes. Ainsi, "le grand fauve" devient un acteur majeur du cinéma européen, accumulant plus de soixante ans de carrière, faite de plus d'une centaine de films !

Dans le sillage du "Guépard" (prix 2003 au Festival de Marrakech des mains de Claudia Cardinale, sa partenaire dans le film) Delon s'essaie au théâtre, encore sous la direction de Visconti - dont il ne tarit pas d'éloges - dans une pièce de l'élisabéthain John Ford, "Dommage qu'elle soit une putain", permettant de donner la réplique à Romy Schneider et Daniel Sorano.

Celui que nous aimons revoir endosser aussi le rôle de César, dans "Astérix aux Jeux Olympiques", en 2008 ("tiens", nous y sommes encore avec, bientôt, les Paralympiques !), dans son élégante et mordante ironie, parlait de lui à la troisième personne (parfois !). Mais l'ironie était encore de mise, certainement... Et puis, il lui fallait bien trouver un signe distinctif (!), à moins que l'on s'attache à dire qu'au fil des ans sa seule présence, et son jeu (naturel, cf. plus haut) auraient "suffi" à faire de lui une légende.

Autre point : la concurrence, ou saine émulation, avec Jean-Paul Belmondo, le faux rival. « Nous avons toujours été amis et rivaux. Ça fait plus de soixante ans que nous courons le 100-mètres ensemble (...). Nous ne nous sommes jamais quittés. Heureusement qu'il était là (...). Il y avait une sorte de stimulation entre nous ». Un collègue qui l'a aidé à avancer, une relation très constructive, donc (et rare).

D'autre part, quels autres commentaires de personnalités pouvons-nous retenir (après celui de Costa-Gvras en préambule) ? D'abord celui du président de la République, Emmanuel Macron : « Mélancolique, populaire, secret, il était plus qu'une star. Alain Delon a incarné des rôles légendaires, et fait rêver le monde. Prêtant son visage inoubliable pour bouleverser nos vies ». Pour Brigitte Bardot, le comédien laisse « un vide abyssal, que rien ni personne ne pourra combler ». « C'est au-delà de l'immense acteur, ce prince du cinéma, que notre relation avec Alain Delon s'est construite », réagit sur Franceinfo Jack Lang, ancien ministre de la Culture et ami d'Alain Delon.

En janvier 2018, pour "Paris Match", Delon se confie : « La vie ne m'apporte plus grand-chose. J'ai tout connu, tout vu. Mais surtout, je hais cette époque, je la vomis » (!).

Bon à savoir : notre acteur déclare son soutien à l'Ukraine lors de l'invasion du pays par la Russie, en septembre 2022. Un projet télévisuel programmé sur TV5 Monde et sur les chaînes du groupe Canal + montre Alain Delon lisant des textes du poète ukrainien Taras Chevtchenko, ainsi que "Liberté" de Paul Éluard. Ancien acteur et comédien, Volodymyr Zelensky salue cette icône française en déclarant : « Je n'ai jamais été un acteur aussi génial que vous (...). Nous vous aimons beaucoup et pour moi vous êtes toujours une autorité et un immense acteur ».

Et enfin, chers lecteurs, une vidéo : Alain Delon aux prises aussi avec ses défauts, et bien au delà. Une interview complète qu'on aimerait commenter sur certains points, mais ici l'on s'interdira de le faire (!). À vous d'écouter et de voir, se volete...

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