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- BM6 - Musique contre cette (et la) guerre - Russie contre Ukraine, mars 2022...)
Musique contre cette (et la) guerre...
BM6 ou 6ème "balade" (!!) : un parcours dicté par notre terrible, et bien réelle, actualité... Des chansons et des morceaux classiques par delà l'univers franco-italien, toujours présent. À suivre d'un trait, ou plutôt en trois (?) temps trois mouvements, où les mots comptent encore davantage.
Jouer encore du piano, sous les bombes...
Crimes et exactions, qui plus est contre un peuple frère - et... trahi, car l'Ukraine aurait accepté de renoncer à prendre le contrôle du nucléaire en échange du respect de son intégrité par la Russie, cf. leur "Traité d'amitié" mis à mal surtout par l'annexion russe de la Crimée en 2014 - ...crimes et exactions, disait-on, finiront par se retourner contre leur auteur. Cet effet boomerang est déjà enclenché par une "côte de popularité" planétaire en chute libre... y compris, et toujours davantage, chez ces "sujets" aussi incroyablement que profondément aveuglés. Bref, de "nouveaux indignés" de terrain et extérieurs se mobilisent avec une détermination à hauteur de leur courage, exemplaire, contre toute pression (ou plutôt censure) étouffante ou totalitaire.
Parmi les moyens de réponse aux attaques, parmi ces "armes" (et en sus, d'abord, de ces armes sans guillemets, les armes de la légitime défense et de la résistance procurées par l'Occident, et sur lesquelles il nous faudra revenir), la musique "n'a pas bougé", par exemple au sens que, dans certains cas, elle continue obstinément à être jouée par les civils-cibles eux-mêmes, au milieu des débris de leurs maisons éventrées. Exemple sans doute déjà rencontré mais toujours plus qu'impressionnant, avec Irina Maniukina, son piano, et ce qu'il reste de sa pauvre maison. Non, ce n'est pas un film. Non è un film...
Faisons clairement écho à présent à nos balades musicales pour la paix ou troisièmes "BM", que nos premiers lecteurs connaissent bien, et nous les en remercions. Bonne nouvelle : le morceau qui paraissait perdu, en ces temps de disparition de moult belles choses (mais d'abord de belles personnes !!!...), est réapparu sur la toile. L'album correspondant, "Se", du grand poète-interprète Gino Paoli, semble présenter une nouvelle couverture et avoir été réédité... Dans tous les cas, le morceau en question, "Se la storia", renaît et se réinvite naturellement ici. Toujours absolument sans publicité (ni intégrée au site ni par événtualité en lien, dans un cas comme celui-ci), veuillez donc (re)trouver ci-dessous une chanson unique, aux paroles uniques, servie par une musique sur mesure. Des paroles simples et d'une justesse infinie pour tout contexte de guerre. Pas de mise en valeur en caractères gras, dans la fiche ou scheda correspondante encore en lien (avec traduction des paroles), car l'intégralité de ces vers devrait être parfaitement comprise et interprétée en gras... Avec intime colère, profonde amertume, et une certaine "douceur" de ton à laquelle l'on tente de s'accrocher face à l'horreur.
Même style, même album, toujours face à une "variation web" (lien qui n'est plus actif dans notre BM3, où vous retrouvez notre présentation). Voici donc le bon lien actuel, et qui parle encore davantage à notre "vécu" (souvenir précis d'un élève de Terminale la fredonnant souvent en fin du cours) : "All'est niente di nuovo". Traduction essentielle directement, ici : « Quand on part en guerre, l'on met son casque / bien calé sur sa tête. / Il sert à vous protéger des tirs / mais aussi, hélas, de votre conscience que, de l'autre côté... / qu'en face, il y a quelqu'un comme vous / quelqu'un qui pourra souffrir et même mourir, exactement comme vous ». Tout lire et écouter sur "Topparoles".
Côté français, l'on voudrait d'abord convoquer ici un autre titre important contre la guerre, dans l'esprit revoir d'abord ses classiques, pardon, ses "Grands Classiques", tant ils frappent encore et toujours par la force poétique du mot et de ce qu'il contient de plus vrai et sacro-saint. Nous pensons au "Déserteur", bien entendu, "mettant en scène" ce soldat jeune, bouche ouverte, tête nue, deux trous rouges au côté droit... Et illustrant une requête spéciale au Président : « Je ne veux pas la faire / je ne suis pas sur terre / pour tuer de pauvres gens !! (..) Refusez d'obéir, refusez de la faire, n'allez pas à la guerre (...) Si vous me poursuivez, prévenez mes gendarmes que je n'aurai pas d'armes et qu'ils pourront tirer ». Direction Serge Reggiani et, pour la version italienne, veuillez apprécier celle, de même impact et intensité à notre goût, du célèbre Ivano Fossati. Attention : pour Fossati, le clip doit être vu jusqu'au bout...
Revenons à présent sur "Les 29èmes Victoires de la musique" de France 3, dédiées à l'Ukraine... avec le lien général qui précède, au cas où vous souhaiteriez tout réécouter et tout revivre, quand tout meurt et (se) meurt... Ou bien, plus précisément, retournons-y avec, au choix (ou sans, avec plus de temps/en revenant vers nous...) :
- le concerto pour clavecin en Fa mineur de Jean-Sébastien Bach, par Céline Frisch, tout simplement et en trois minutes.
- ce très bel aperçu "bloc-notes" dédié à l'un des plus grands compositeurs russes du XXème siècle (et amateur de poésie transnationale), Dmitri Chostakovitch1, joué aux "Victoires", bien sûr. Un nom qui, à l'instar de celui d'autres grands artistes et écrivains, rappelle parfaitement tout l'intérêt que nous devons avoir également pour la culture russe. Doit-on encore le rappeler, à notre façon ? Culture, curiosité pour d'autres horizons, pour le monde des idées et des projets, réalisés ou pas (encore...), ne peuvent que rapprocher et souder l'humanité, tout particulièrement face au danger sournois voire inattendu que représentent d'autres hommes de pouvoir.
1. Wikipédia, partie "Rejoindre la fête" : Cette année-là, Chostakovitch [lui-même victime des lois raciales, et par ailleurs d'abord contraint à la soumission au régime stalinien...] aborde à nouveau le sujet de l'antisémitisme dans sa Treizième Symphonie. Cette symphonie met en scène un certain nombre de poèmes d'Evgueni Evtouchenko, dont le premier commémore un massacre de Juifs ukrainiens pendant la Seconde Guerre mondiale. Les avis sont partagés quant à l'ampleur du risque : le poème a été publié dans les médias soviétiques et n'a pas été interdit, mais il est resté controversé.
Par ailleurs, au vu de la sensibilité politique de Chostakovitch, attention au sens précis de "communiste", pâtissant toujours de son radical détournement historique (totalitarisme) et de ses horribles conséquences.
- ce brillant mix (article et vidéos), dont prouesses de la violoniste Manon Galy, récompensée dans la catégorie Révélation soliste instrumental. En recevant son prix, la jeune femme a souhaité, avec force et simplicité, « que la musique continue à nous unir sans différences ». Pour ceux voulant "approfondir l'ambiance" au sein de ce milieu musical, en se disant bien que parmi les artistes russes l'on trouve aussi quelques (ou "quelques" ?) pros Poutine ainsi que... des artistes tout court et tout vrais, qui devraient être plutôt bien accueillis, d'autres vidéos France Info ne manquent pas, à partir de notre premier lien.
- l'orchestre philarmonique de... Nice qui, comme l'a souligné Stéphane Bern, « passe d'un style à l'autre avec panache et brio » et rend un vibrant hommage à l'ukraine tout particulièrement en jouant son hymne national (toujours lien précédent : vous aviez peut-être pu suivre ces Victoires en cours de route seulement ? Ne ratez pas la danse d'ouverture, et imaginez l'état d'esprit de ces jeunes danseurs (aussi), jeunes et adultes, voulant donner le meilleur, dans une profonde empathie avec toutes les victimes d'un "là-bas" que puissance et talent artistique rapprochent encore davantage de nous. La poésie résonne ici tragiquement, au plus haut point, en demeurant poésie, et grâce, sensibilité, civilisation... en contraste absolu avec cette barbarie, cet horreur, cet impensable, provoquant dégoût et colère. Des sentiments bien visibles au quotidien : à bord du tram, nous avons immédiatement croisé, ces jours-ci, des regards marqués par une tristesse, voire un désœuvrement inédits... plus grands encore, à notre sens, que ce que l'on a pu observer lors des toutes premières phases de notre pandémie, au milieu des files d'attente au supermarché, traversées par le silence et la peur.
Peu avant ces "Victoires" très classiques, nous avons eu droit aussi, pour ainsi dire, à leur version moderne, avec l'émission intitulée "Tous unis pour l'Ukraine", déjà brièvement commentée dans nos Flash Infos. France 2, en partenariat avec France Inter, nous offert du très beau "spectacle", qui n'en était pas un... au sens où Nagui a su valoriser chaque grande voix et chaque belle personnalité, dans un registre simple, sérieux et convivial. Et c'est bien la musique qui a eu le dessus. D'emblée de grande qualité, pour un direct que l'on n'a pas vu passer. Et puis, on le répète ici, une voix. Une voix pour tou.te.s les ukrainien.n.es : celle d'Iva Chevtchenko, Présidente de Femen France et de Femen International. Qui rappelle d'emblée le cadre politique : « Il ne s'agit pas "que" de l'Ukraine. La question est générale : le pouvoir de la démocratie l'emportera-t-il sur l'autocratie ? Ce qui est certain, c'est que les ukrainiens vont continuer à se battre contre la folie de cette autocratie ».
Les mots de Zazie prolongent cette idée : « Quand nos rois deviennent fous, il faut que nous autres artistes puissions agiter un peu nos grelots ».
Florent Pagny qui avait annoncé, peu avant cette soirée... son diagnostic : cancer au poumon (!!), a participé malgré tout, partageant son espoir, et en donnant la chair de poule (surtout, peut-être) avec le morceau "Si une chanson", aux paroles magnifique l'on sait : « Si une chanson a le pouvoir de faire oublier une seconde la douleur / Si une chanson a le pouvoir de faire communier tout le monde en douceur / alors il faut chanter (x2) / (...) Si cette chanson est de celles qui peuvent ramener l'espoir et la paix / alors il faut chanter (x2) / Chanter de toutes ses forces / chanater de tout son cœur (...) être comme un rempart au destin... ».
On terminera cette page (car la prochaine se concentrera sur un seul morceau, très particulier) avec la très touchante Barbara Pravi, avec "Tous les cris les S.O.S."...
Après ce rappel partagé et riche en vérité (et émotion, dans un sens plein et tristement différent), de nos deux soirées "fr.", universelles et très, spéciales, indiquons ici seulement quelques uns parmi les nombreux exemples de personnalités musicales (et autres...) no war, et très fiers de l'être...
- Les Maneskin : «Siamo vicini più che mai a tutte le persone afflitte dalla guerra in questo momento».
- Gérard Depardieu (exemple intéressant et vous savez pourquoi. Cf. lien précédent. Ses mots contre cette guerre, depuis le 1er mars, ont "néanmoins" été assez forts...).
- Green Day, Nick Cave... : "ancien" article encore, du 4 mars (autre temporalité ressentie, ces temps-ci...), montrant un cocktail d'artistes du monde entier explicitement et concrètement engagés contre (l'inadmissible). Par delà le tragique évident, l'ancien chanteur et guitariste de Pink Floyd souligne toute l'inutilité de l'agression, après avoir supplié les soldats russes d'arrêter de tuer leurs frères : « Il n’y aura pas de vainqueurs dans cette guerre », dit-il encore, « Poutine doit partir ».
Notre conclusion correspond à une dernière chanson, italienne et tout aussi universelle, à laquelle nous aimerions donner un relief tout particulier, en page suivante, d'abord en valorisant les paroles, naturellement. Il s'agit d'un morceau présenté... au Festival de Sanremo, qui a connu des chansons très engagées, mais jamais aussi fortes, peut-être... Nous sommes face à une sorte d'hymne moderne contre la guerre, affirmant avec une grande force, et presque en pleurs, que tout ce que nous vivons lors d'une guerre, de près ou de loin, directement ou indirectement, c'est à dire à travers nos petits et grands écrans, n'est jamais de la fiction, fort malheureusement. Et dépasse même, souvent, toute fiction (souvent inutile et "anesthésiante", voire dangereuse...) en termes de violences et de barbarie. "Non è un film", "Ceci n'est pas un film" (en + du précédent lien vidéo, fiche en page suivante de la sicilienne Gerardina Trovato est pour nous un vrai chef d'œuvre musical, que l'on mémorise et qui reste dans les esprits, y compris d'un public français, lecteur si l'on veut de "Culture & Santé" (!), et voulant s'y mettre... Dans tous les cas, il s'agit bien d'une chanson à part, incitant à une véritable prise de conscience de tous, sans exception, dans l'indignation et la colère. Une conscience à la fois forte et fragile, dans ses liens avec ce qu'il peut encore rester en termes d'espoir.