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Chers visiteurs (et chères visiteuses !), vous avez sans doute cliqué sur nos Carnets sans trop savoir à quoi vous attendre… Un blog ? Peut-être, forse. En tout cas un espace un peu méli-mélo, où vous trouverez des observations, commentaires etc. sur des sujets divers et variés, de Culture & Santé...
Pagina corrispondente "IT." : vi presentiamo questa rubrica nel suo insieme, con rinvio al sommario ;)
Parmi nos premières destinations déconfinées, notre bibliothèque. Par respect pour nos aînés, proches et amis (et pour nous-mêmes), et tout en regrettant le bon vieux temps, l’on n’ose pas vraiment prolonger notre permanence en un "lieu clos", pourtant bien ouvert au sens figuré. Un quota présentiel est désormais établi, mais l’on aime constater la présence d’un nombre assez consistant de personnes (très masquées…), mobiles ou installées aux tables de la salle lecteurs... Zone enjolivée par d'élégantes et classiques lampes vertes rétro, qui aideraient presque à tout oublier. Et pourtant, masques aidant, on sent qu’un bien triste "tsunami" est passé par là. L’espace-expo (multicolore pendant notre Carnaval, et qui s'apprêtait même à accueillir des petites conférences) s’est rempli de chaises empilées et de paravents verts et rouges. Tout près, des piles de livres se font remarquer sur de grandes tables. Une confusion ordonnée : sur chaque paquet une feuille et une échéance. Ces ouvrages ayant dû séjourner bien plus longtemps dans nos maisons – en tentant peut-être de nous consoler ainsi, à leur façon... – regagneront leurs étagères pour de nouveaux lecteurs déconfinés (pendant combien de temps ?).
Coup d’œil à l’affichage principal : exit les ateliers tout public. On comprend, on ne peut que comprendre ; mais on regrette tout de même leur absence. Des rendez-vous divers et variés qui, juste avant notre crise sans précédent, ont connu un très bel essor dans le nouvel "espace ateliers", pour de beaux échanges autour d'activités principalement artistiques et créatives. En lieu et place de cette offre généreuse, une grande affiche explicative parsemée de petites illustrations plutôt familières. Voilà des consignes claires et précises sur... le port du masque. En effet, il ne suffit pas de devoir le porter – et de le porter tout court - (cf onglet Notre santé), mais encore faut-il savoir bien le porter… et très bien l’enlever ! Contexte oblige, évidemment… on redevient tous un peu enfants.
Puis, près de ces recommandations très rassurantes, nous constatons avec un certain étonnement un élément qui, associé à notre affiche-corona, fait indéniablement sourire. Une belle affiche du style que l'on connaît (anté-pandémie) annonce un spectacle intitulé... Bas les masques. Manière d’alléger les tensions ? Hasards ou coïncidences ?
À seulement quelques pas de la "bibli", allons retrouver notre cinéma… le plus ancien cinéma de notre chère et "mystérieuse" ville du Sud… Des salles (autrefois une salle) d’art et d’essai qui, il y a un peu plus d’une semaine, attendaient impatiemment la réouverture officielle (sans doute moins prématurée que… d'autres réouvertures, bien controversées du côté de chez nous).
Après tout, pourquoi ne pas se laisser tenter, si un film intéressant devait être programmé en pleines mesures ciné-santé...
Nous y voilà enfin, le seuil du 24 juin 2020 franchi, les cinémas "refont leur cinéma" avant, pendant et après la séance (rituel codifié de désinfection post-film dans toutes les rangées). En vertu de notre légère envie de déconfinement et d’ailleurs, si possible sous le signe de l’intelligence, nous sommes allés voir Un divan à Tunis, annoncé « coup de cœur » de notre cinéma.
Vous aurez peut-être bien envie, vous aussi, d'apprécier en salle obscure, ou de rechercher sous toute autre forme, cette comédie dramatique, prix du Public à la Mostra de Venise (avec standing ovation) de la réalisatrice tunisienne Manèle Labidi, avec Golshifteh Farahani (ci-dessous devant son divan, "personnage" tout aussi principal...).
Après avoir exercé en France, Selma, 35 ans, ouvre son cabinet de psychanalyse dans une banlieue populaire de Tunis. Au lendemain de la révolution, la demande se révèle importante mais aussi quelque peu contradictoire et déconcertante. Les débuts du cabinet sont mouvementés, entre ceux qui prennent Freud et sa barbe pour un frère musulman, ceux qui ne comprennent pas la nécessité de régler le service rendu face à une jeune femme à la fois féminine et déterminé.
Après ce mix de résumé officiel et de résumé personnel, chers amis, vous pouvez suspendre votre lecture si vous souhaitez vous faire surprendre suffisamment dans la salle obscure ou devant vos écrans :-)
Quant à nous, nous ne pouvons que vous en dire plus. D'abord parce que nous sommes très bavards (d'où cette rubrique !), mais surtout parce que nous avons aimé, et même beaucoup aimé, ce film thérapeutique, tel qu'il a été ouvertement défini, qui restitue tout le sens d'un soin basé sur l'écoute tel que la psychanalyse (on peut tranquillement associer la psychologie, mais la prise en charge choisie a permis la présence symbolique du "divan"...). Une prise en charge par la parole et surtout par l'écoute, qui a toute sa place auprès de personnes/personnages bigarrés qui n’en ont jamais entendu parler ou qui s’en méfient comme d’une sorcellerie (dès l’instant où il n’y a pas de médicament...). Tandis que, de leur côté, les autorités locales ne se montrent pas plus compréhensives, par delà l'attirance que l'un d'entre eux éprouve pour cette femme cultivée et indépendante (on indique également dans quelle situation se trouvent ces policiers).
Bref, nous sommes en présence d'une narration ouverte permettant une belle expression, par le biais du registre "léger" et agréable de la comédie. Un film "pré" et "post" pandémie (sorti et présenté en février dernier et reproposé aujourd'hui), d'autant plus précieux pour nos réflexions et très bien intégré dans Culture & Santé. À double titre : ce film choral sensibilise au soin (le soin abstrait qui pourtant, en recherchant des vérités enfouies, parvient à panser les blessures ou à les voir autrement), au soin politique en toile de fond (!), et au soin social (la place de la femme, l’éducation…). De plus, il donne à voir son affection artistique pour… l’Italie (!). Amici, "Un divano a Tunisi" (secondo traduzione letterale) è proprio un bel film meditarraneo e universale, che incoraggia all’ascolto e alla cura delle persone in difficoltà, specie in un paese come la Tunisia, per completare la sua rinascita post-rivoluzionaria. Cliccate qui...
Insomma, si tratta di un film serio che vi farà riflettere ma anche sorridere. E non solo : un film che ama l’Italia e che sposa magicamente la sua musica, attraverso due azzeccatissime scelte canore in due momenti chiave.
Car, musicalement, l’Italie est à l’honneur dans les premiers moments du film et en conclusion, à travers sa brillantissime interprète, toujours vénérée : Mina (très chère également à Pedro Almodovar). D’abord par la célèbre, saccadée et mélancolique, Città vuota puis, pour saluer le courage et la personnalité de Selma, par "Io sono quel che sono" ("Moi, je suis ce que je suis", ou "j'ai conscience de moi-même").
Rendez-vous dans Canzoni & Chansons pour découvrir (aussi) ces morceux !
Un divan à Tunis est aussi un hymne à la beauté féminine – Selma, bien que d'apparence plus masculine, est simple et éblouissante –, à la volonté d’indépendance (affranchissement féminin par les études et retour motivé au pays du post-printemps arabe...) et au courage (pour continuer à exercer, au service des autres et dans une quête entre deux appartenances). Les composantes plus grotesques (un patient hors-normes, une secrétaire sans doute peu caricaturale et autres petits éléments) ne prennent jamais le dessus sur l'action principale et le sens du film ; et l'épilogue, qui finit par assumer avec modération les contours de la fable (à l'issue d'une tension dramatique bien orchestrée), rend le film encore plus attachant.
Après cette critique personnelle, si vous voulez bien, nos prolongements et repérages vidéo… à retrouver dans la section "Ciné-Sud" de notre rubrique Films et livres :)
Ed ora, con qualche bella scena per la testa, torniamo alla nostra passeggiata... Parfois, quand l’œil et le cœur veulent s'en apercevoir, l'agréable se poursuit : à quelques pas de notre cinéma des arcades et de ses "films-oxygène", les grands enfants que nous sommes (en ce moment surtout) s'arrêtent devant la grâce innocente d’un "manège heureux" sous le soleil. Enchantement qui, l’espace d’un instant – le temps de repérer une place à l’ombre du grand chêne (!) – semble annoncer ces autres petites choses piacevoli e belle qu’il nous reste (peut-être/sans doute ?!) à vivre et partager...
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Lundi 6 juillet 2020 : la matinée commence avec une bien triste nouvelle. À l'âge de 91 ans, le Maestro Ennio Morricone, l'homme aux 500 musiques de films, est passé à miglior vita... Nous épousons tous les mots du Président italien Sergio Mattarella : Morricone a toujours été « un immense et génial artiste, qui a contribué à renforcer le prestige de l'Italie dans le monde »1. Gilles Jacob, ancien directeur du Festival de Cannes, a bien précisé qu'il s'agissait de « l'empereur de la musique au cinéma » jouant volontiers de son « des rythmes, mélodies, instruments inattendus », et insistant sur « la prodigalité de ses partitions. »
Des partitions, venant d'un trompettiste de formation, diplômé en composition et direction d'orchestre, qui ont servi tous les genres cinématographiques, pour des réalisateurs aussi divers que Mauro Bolognini, Giuseppe Tornatore, Brian de Palma, Bernardo Bertolucci ou Henri Verneuil.
En 2006, il s'était confié à la presse sur sa manière de composer : « On me donne généralement le film un mois avant le montage. Ma musique est souvent meilleure quand je ne vois pas les images ». Ce qui peut étonner... et ce qui s'explique pourtant, en supposant que notre Maestro connaissait parfaitement l'histoire et les scènes en question...
Par aileurs, de nos à vos Carnets (!), prenez note : Ennio Morricone, destiné au départ à la musique contemporaine, s'est ensuite orienté vers une carrière d'arrangeur de variété pour la télévision, la radio et... la chanson. Cet homme résolument versatile, pluritalentuex autant que réservé et modeste, a donc conféré toutes ses lettres de noblesse autant aux plus belles oeuvres cinématographiques qu'à des célèbres morceaux et mélodies qu'il fait rentrer dans l'histoire. Citons seulement en exemple, les très estivales Sapore di sale ou Abbronzatissima2...
1. Morricone est décédé dans une clinique romaine, des suites d'une chute (il s'était brisé le fémur il y a quelques jours). Selon son entourage, il est resté lucide et d'une grande dignité jusqu'au bout.
2. Exemples de 10 chansons de variétés arrangées par Ennio Morricone (très bel article en langue italienne, où vous pourrez écouter ces classiques) GDM - 10 canzoni pop arrangiate da Morricone (giornaledellamusica.it). Suivez notre lien : il nostro link
Un grandissimo della musica se ne è appena andato dunque... succedendo ad un altro, grande e coraggioso, direttore d'orchestra, Ezio Bosso. Par la même occasion, souvenons-nous également du talent unique d'un autre Chef d'orchestre, Ezio Bosso, qui a disparu également en ces temps bien difficiles... en laissant un grand vide. Le Maestro Bosso souffrait d'un polyhandicap et, grâce à son "polytalent" et à sa passion partagée, il a su faire de sa maladie une force, en transmettant beaucoup d'espoir... Il s'était également produit au Festival de la Chanson italienne de Sanremo, car il n'aimait pas faire de distinctions en musique (à l'instar d'Ennio Morricone qui, comme indiqué, s'est donné et a beaucoup donné au monde de la chanson). Et encore : Ezio Bosso faisait preuve d'une belle pédagogie lorsqu'il expliquait, lors de ses concerts sur petit écran, l'histoire des grands compositeurs, les spécificités des éléments de l'orchestre et les multiples manières de jouer. Dans la vidéo RaiNews24 (garantie qualité !) que nous proposons ici, sur ce "clic", Ezio Bosso rappelle qu'à l'origine, le terme "orchestre" signifie "bouger ensemble", avec cette noble idée de prendre soin les uns des autres... En somme, on peut dire que les Maestri Bosso et Morricone, par delà leurs talents uniques et en véritables Artistes, étaient aussi doux et généreux.
Pour conclure... sans vraiment conclure (en nous laissant porter par la musique), notre choix musical "morriconien" - choix très ardu, on le sait - porte sur la poétique mélancolie de Nuovo Cinema Paradiso, de Giuseppe Tornatore. La vidéo proposée, avec diaporama d'images du film et célébrissime colonna sonora (vidéo vers laquelle vous serez dirigés en cliquant sur la légende de la photo du Maestro Morricone oscarisé), est commentée par delà les frontières, avec nostalgie, chaleur, émotion...
Le monde est petit, quand la culture est grande, et quand la globalisation est celle de l'art et de l'esprit. Et ça fait du bien.
Clic : Addio Maestro, La ricordiamo così...
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