BALADE
AU MUSÉE D'ORSEY
Acte II (1867) : Monet et Manet (et Zola...)
Claude Monet (1840-1926), “Femmes au jardin”,
huile sur toile 255 x 205 cm, 1866-1867.
Quand ce tableau fut refusé au Salon de 1867, Claude Monet avait 27 ans, des idées neuves et de l’enthousiasme, mais se trouvait dans une situation économique très précaire. Fort heureusement, son ami Frédéric Bazille le sortit de ce maivais pas en achetant l’œuvre.
Emile Zola fut également son ami au sens où il sut saisir la valeur du travail pictural de Monet, et le défendit même dans l’une de ses critiques : « Ils ont refusé un tableau figuratif qui représentait quelques femmes en vêtements d’été clairs qui cueillaient des fleurs dans les sentiers d’un jardin ; le soleil tombait droit sur les robes d’un blanc splendide ; l’ombre tiède d’un arbre délimitait sur les sentiers, sur les vêtements inondés de soleil, une grande nappe grise ».
Au sein d’un groupe de peintres qui seront plus tard appelés impressionistes, Monet est peut-être l’artiste le plus fidèle aux principes anti-académiques, en particulier celui qui pousse le peintre à sortir de l’enfermement de l’atelier pour peindre la nature sur place.
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Émile Zola est saisi à l’instant où, ayant arrêté sa lecture, il tourne légèrement le regard vers le spectateur. Au moment où Edouard Manet (1832-1883) propose ce portrait qui recevra une large approbation du public, y compris contemporain, Zola est l’astre naissant de la littérature française (Thérèse Raquin, son premier roman naturaliste, sort en 1867, et le projet du puissant cycle des Rougon-Maquart est en préparation).
Edouard Manet, "Émile Zola",
huile sur toile 146,3 x 114, 1867-1868
La rencontre avec Manet, la visite à son atelier, et la fréquentation des artistes qui seront appelés plus tard impressionnistes, marquent profondément Zola qui, en de nombreuses occasions, défendra ses amis contre l’ostracisme des critiques conservateurs du Salon.
Manet nous présente son ami Zola dans son statut d’intellectuel, l’expression concentrée et absorbée, saisi par surprise dans l’intimité de son bureau, comme dans les portraits d’hommes de lettres des XVème et XVIème siècles dans leur “petit bureau”.
Manet comme Zola étaient des admirateurs enthousiastes et des collectionneurs d’objets et d’estampes du Japon. Dans le tableau, on voit un paravent à gauche de Zola et une estampe avec un lutteur de sumo (!!…), oeuvre de l’artiste Kouniaki II… Zola, dans son opuscule sur Manet, comprend la valeur qu’a la connaissance de l’art japonais dans les innnovations formelles et dans la composition des œuvres de son ami : « Il passe du blanc au noir sans hésiter, il rend avec vigueur les différents objets qui se détachent l’un sur l’autre. Tout son être le conduit à voir par tâches, par fragments simples et forts ».
Voir (et comparer) aussi...
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