LANGAGE ET CONDITIONNEMENTS (Suite)
- manager : la première fois que nous avons véritablement pris acte de ce mot et de son institutionnalisation (après l'avoir entendu à maintes reprises sur des chaînes dédiées comme Bfm télé), c'était dans une grande librairie... ce jour là, nous n'avions pas fait attention aux grands panneux joliment apposés à la verticale pour s'orienter dans un rayon et son domaine, préférant être dans une optique d'aller et venir. Dans ce "jardin" de papier où... les prix sont un peu élevés (pour de beaux stylos et de beaux carnets surtout), les fleurs sont des livres de toutes sortes. Et il y en a même un qui s'appelle, tout simplement, "manger" ! Nous étions sans doute un peu fatigués, en plus du fait que notre esprit n'avait pas adopté ce mot, donc comment le reconnaître ? Nous étions plus familiers de "management" et savions bien qu'en milieu scolaire surtout, avec les nouvelles filières en plein essor (et les nouvelles entités entrepreuneuriales comme les start-up), il s'agit même d'une notion qui se taille la part du lion. Avec le recul et en revenant dans la même librairie, on voit bien que le secteur du management et de la gestion (dans cet esprit) est plus facilement repérable que celui de la littérature ou de l'histoire (les langues étant toujors rangées un peu à part, trop à part peut-être...).
Mais bien sûr, manager n'est pas manger. Ajoutons une syllabe pour tout autre sens et plus de modernité... Quoique, le management ne consiste-t-il pas, quelque part, à dévorer les droits pour plus de devoirs, en fagocitant plus ou moins notre vie privée, au risque de détruire notre vie tout court (cf. point précédent ?). Voyons, ne diabolisons rien, il faut bien apprendre, aussi, en ce monde très commercial, à "manager des équipes", et à gérér leur travail, si possible avec humanité, sans que les priorités du marché fassent la loi (et tout le reste)... Et puis, qu'on le veuille ou pas, on est "tous" un peu manager... même quand on ne s'y attend pas du tout. Lorsqu'on a la drôle d'idée de créer un site de culture et de santé, par exemple, on ne fait absolument rien si on ne passe pas par un "manager" ! Un espace de travail que l'on pourrait encore définir "console", mais qui oserait le faire aujourd'hui...?
__________
La résiliance reste une résistance
possible grâce à nos propres "forces cachées" (ou "ressources")
mais aussi (surtout ?) grâce aux autres.
- résilience : le terme "résistance" étant trop historique (et peut-être aussi trop connoté politiquement, mais ce n'est qu'une hypothèse), on a préféré en forger un autre, tout aussi puissant, qui puisse appartenir au domaine (bien distinct... selon nos tendances et cloisonnements) de la psychologie. Quand on résilie un contrat, on y met fin. De même, lorsque nous résilions (ou tentons de résilier) un état de grande souffrance, c'est que l'on peut clairement envisager (et compter sur) un vrai rétablissement. "Rétablissement" est aussi un mot intéressant pour désigner un nouvel équilibre ou une stabilité retrouvée (même si les puristes recommandent de ne pas le confondre avec "guérison"....). Mais le rétablissement n'a pas la même côte que la résilience, justement. Aujourd'hui, on trouve ce dernier processus et cheminement intérieur partout, grâce à Boris Cyrulnik qui, dans sa jeunesse, a vécu sur sa peau une tragédie immense... Et dans ces cas là, effectivement, il faut bien pouvoir miser sur du nouveau, sur une vraie renaissance à tous les niveaux. On comprend peut-être moins, sur un autre plan, pourquoi une interprète du patrimoine transalpin de grand succès comme Rita Pavone ait jugé nécessaire, elle aussi (ou sa maison de disques pour elle, en ces temps de "liberté"...) d'inclure un "mot tendance" comme celui-ci dans l'un de ses derniers titres, présenté au Festival de Sanremo, sans grand succès. "Allez", on ajoute le lien de la chanson en question, y compris parce qu'en la réécoutant - comme cela arrive souvent - on lui a trouvé quelques qualités (nous aurons l'occasion de reparler de la légendaire Rita Pavone et de ses grands succès, de manière plus "classique").
Pour conclure sur ce mot, l'on pourrait dire : tout va bien si, loin de tout conditionnement, l'on ne met pas aux oubliettes sens historique et emploi courant du bon vieux terme "résistance" (Maurizio Puppo, inspiré par la question, devrait être du même avis...).
__________
- rassembler : rassurez-vous, l'on pourra synthétiser davantage sur ce dernier terme sélectionné (et vous en trouverez facilement d'autres vous-mêmes, encore signifiants ou plus ou moins vidés de leur sens, dans "l'air du temps" selon Nina Ricci... ou même "dans l'air du moment", laissant traces et effluves...). Voilà un verbe également très répandu... sur lequel nous avions réfléchi dans nos "Extras" dédiés à l'Union européenne, en nous penchant sur une UE désormais bien élargie et à protéger aujourd'hui de profondes dissentions. Quoi de plus normal et nécessaire - par delà et en vertu de toute abérrante déviation commise en ce sens par l'Europe de la plus rigoureuse austérité ! - que de s'employer à sauvegarder et renforcer sa vocation originelle (et institutionnelle, de par le respect de ses principaux traités...) d'organisme soucieux de la paix et de la solidarité entre les peuples (à commencer par ceux dans la détresse...) ? Sans oublier que les efforts d'équilibre économique, dans un monde marqué par des inégalités de toute sorte, ne sauraient suffire sans un budget (beaucoup...) plus important consacré à la culture, à l'art et à toutes leurs vertus. Nous y reviendrons, car nous avons suivi un "Speciale TG1" très intéressant à ce sujet.
On voit bien que le sujet "union européenne" est toujours "inspirant" (autant que nos différents mots...), y compris dans ses moments les plus délicats sur la scène internationale. C'est le cas plus que jamais aujourd'hui, face aux démolisseurs de droits, de civilisation (et d'humanité !). Mais comptons surtout sur efforts et compétences de personnalités convaincues et équilibrées telles que Ursula von der Leyen, David Sassoli, Mario Draghi, Paolo Gentiloni (article de 2017, qui reste intéressant, Gentiloni étant aujourd'hui commissaire européen à l'économie). Ajoutons aussi, même si son action pour l'Europe est sans doute moins directe aujourd'hui (et en faisant abstraction d'un certain Gianni Letta...) Enrico Letta, secrétaire du parti démocrate avec expérience comme député européen et très proche des réalités françaises (bilingue, chaire à Science Po Paris). Des hommes, et une femme, qui "s'inviteront" certainement encore sur nos pages. (Sachant par ailleurs que nous oublions très probablement, ici, d'autres acteurs européens aussi sincères qu'engagés).
Revenons au terme "rassemblement", adopté et promu par tous les logos politiques... Compte tenu de notre lien UE évoqué, on se contentera de résumer très simplement ici en une seule pensée, très évidente mais peut-être pas inutile... Se rassembler est "la plus belle chose du monde" (!) : ce verbe d'action, y compris de par sa forme réfléchie, évoque l'union, la solidarité, des valeurs communes par delà les si répandus "objectifs" partagés... Avec une "nuance" : ne pas renoncer au jugement individuel, sans pour autant céder à une méfiance infondée ou à des sources douteuses... Mais se rassembler au nom du "toujours contre" et de la haine (car les bonnes intentions ont "un peu évolué"...) ou même... au nom de rien, du vide. Car il nous est arrivé, par curiosité, de constater clairement, en sus de ce que l'on sait être les pires incitatations, quelques "non sens" évidents sur les réseaux sociaux (profitant par exemple de manifestations historiques signifiantes, comme le premier mai), pouvant justement conduire à un vide, aussi radical que destructeur. Tandis que certains, victimes de fausses rébéllions ou de la dépendance, continuent à se fier aveuglément à ce qui pourrait être défini comme un "web dans le web". Une mise en abyme souvent inutile (là où, en plus de la toile en elle-même, mails et portables existent...) pour ne pas dire dangereuse1. À méditer, avec les distinctions qui s'imposent (mégaweb commercial et omniprésence de App à part).
1. Note approfondie (et illustrée...) Bien sûr, il existe de fortes exceptions comme celle du printemps arabe, propulsé précisément par le réseau FB si nos souvenirs sont bons (!), il y a nombre de mouvements civiques comme celui défendant nos internes sur Twitter (et peut-être sur FB), ce qui incite à réfléchir et distinguer règles et méthodes en profondeur, pour mieux statuer sans doute. Un peu dans le même ordre d'idées, il apparaît que FB essaie de résister aux accusations en misant beaucoup, par exemple, sur ses capacités à retrouver la trace de personnes disparues, ou simplement de personnes que l'on aimerait revoir, après plusieurs années. En parallèle, il se fait aussi le promoteur de témoignages de détresse ou de cas isolés, auxquels les internautes "pairs" sauront apporter des réponses valides, voire précieuses (mais d'autres moyens existent, pour parer aux grandes souffrances, non ?!...). Les échanges mails, même groupés, ne permettant pas ou à autre échelle, ce type d'échange, les réseaux peuvent mettre en avant certains atouts techniques. N'empechant pas le mensonge ou ce qui paraît comme tel : faux profils, pétitions avec crescendo de signatures hyper rapide et surprenant... On peut en outre s'interroger sur une certaine schizofrénie de la société civile et médiatique, qui persiste et signe dans toutes ses contradictions (là où, semble-t-il, nous ne disposons pas de tous les éléments pour "comprendre" cette méga-promotion généralisée et systématique des réseaux par la plupart de médias traditionnels, et par certains tout particulièrement).
En effet, l'on condamne ouvertement et lourdement, depuis un bon moment désormais, jusqu'à notre récente info sur le sujet (fin octobre 2021), ce que l'on sait être une énorme "dérive", mais dans les faits pratiques et addictions restent, y compris pour "la chasse individuelle aux infos", consistant surtout à chasser ou exclure totalement de notre cadre de vie radio, télévision ou même "web classique"... C'est ce qu'avait fièrement déclaré, dans nos souvenirs, une dame bien distinguée participant à un atelier en bibliothèque (« infos Facebook ou pas d'infos ! » Ajoutons un Docteur (qui était) de notre connaissance, aimant se rendre sur Facebook pour les nouvelles, à commenter au même endroit, et se proclamant fièrement un ennemi absolu de la télévision (disant s'inspirer également... « du grand Pasolini »... On en reparlera, si vous voulez !). Ces "bonnes habitudes" persistent aussi parce que les médias du monde (et toutes leurs émissions... sauf quelques unes, courageuses et de qualité, pour l'heure repérées sur Rai3...) encouragent très abondamment, visuellement et oralement, entre rires et plaisanteries, à intervenir, commenter, critiquer, via les réseaux sociaux, directement appelés "social" (de social network) en italien, se passant difficilement de l'anglais. On peut aussi, par ailleurs, trouver sur internet des sites critiquant lourdement tous les réseaux et leurs effets... tout en arborant allègremenent les différents boutons de partage les concernant. Obligation, sans doute. Longue proposition en vue... (!) Dans tous les cas, passivité, résignation ou adhésion (par addiction) du "citoyen moyen" et de moult communicants (sans doute souvent malgré eux, mais selon stratégie) à ces colossales machines (et machineries) numériques, vouées - sauf exceptions, méritant réflexion - au nombre de clics, de likes, de followers, de données personnelles et surtout de bénéfices, ne peuvent laisser indifférents.
Notre onzième extra prend fin ici (per vostra grande fortuna!!). En partant de quelques exemples de mots et expressions "bien intégrés" dans notre société, nous avons tenté de considérer certains points et tendances contemporaines. Comprendre et apprécier personnes et choses en elles-mêmes, par delà la manière convenue de les désigner, s'avère dans certains cas indispensable (même si, dans d'autres circonstances, les mots peuvent être très bien pensés, et d'une aide précieuse !). Ceci afin d'aller vers (retrouver ?) un monde véritablement social, où le "réseau" - nos "connaissances", nos "amis", notre "entourage" - peut-être moins en proie à certains conflits ou "courts-circuits de réseau" ! - s'appuierait d'abord, et humblement, sur quelques endroits simples où l'on se sentirait bien, pouvant être à deux pas de chez soi. Des endroits chaleureux ou posticini, fréquentés par d'autres personnes s'y sentant tout aussi à l'aise que nous (...et, à dans d'autres moments, naviguant toujours sur de "bonnes ondes", naturellement !).
SUITE : Extras 12