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L'UNION
EUROPÉENNE
Dans le sillage de la Journée de l'Europe du 9 mai, nous dédions tout naturellement nos "Extras (9)" - selon heureuse coïncidence - au Vieux Continent. La date fixée a été judicieusement choisie pour marquer l'anniversaire de la "Déclaration Schuman" (fondamentale par delà l'éventuelle béatification de ce dernier, dont il est désormais question). Néanmoins, "Culture & Santé" souhaiterait se tourner ici vers une de ces grandes personnalités qui ont vu l'Europe venir, pour ainsi dire, bien avant la dite déclaration du 9 mai 1950, ou le traité de Rome du 25 mars 1957. Côté italien, c'est à Giuseppe Mazzini (lien très synthétique et essentiel) et à ses "Stati Uniti d'Europa" (lien biblio-explicatif) que l'on pourrait songer. D'autant plus que Mazzini conçoit déjà une Europe unie alors qu'il se bat en même temps pour une Italie unifiée (!), dans une perspective de solidité et de contre-poids, y compris culturel et humaniste, face à l'hégémonie de ces puissances qui, historiquement, n'ont pas manqué de décider pour la péninsule (en s'emparant volontiers de ses richesses). Comme indiqué, on peut juste "songer à" de telles figures de référence, européennes et universelles avant l'heure et révoltées à point (souvent à raison), ou bien on peut toujours en faire un peu plus, suivant liens et recherches personnelles complémentaires...
Ce qui autorise à faire la part belle, ici, à un certain Victor Hugo, et à son siècle (le XIXème, le même que Mazzini, même si ce n'est pas le seul siècle concerné...) où la misère s'écrit avec une majuscule. Misère du peuple, des ouvriers, de ces "misérables" qui n'ont plus que leur désespoir - ou leur cruauté pour d'autres (toujours liée à la misère ?) - comme réponse au lourd fardeau de l'existence. Tandis qu'au même moment le contraste est grand avec la sensibilité, le sens de l'observation et le talent de ces romanciers et écrivains, Hugo et Balzac en tête, dont la prose, discursive et précise, s'emploie à photographier, à l'encre de la vérité, milieux et contextes faisant de la France tout sauf une "grande nation", comme historiquement proclamé. Parallèlement, et face à la même rhétorique dominante, de gloire et conquête, l'Italie bourgeoise et éclairée (puis, sans tarder, toute la péninsule, genre "populaire" et langue nationale enfin "purifiée" et accessible aidant) finira par se remettre à l'élégante perspicacité et à l'esprit post-Lumières d'Alessandro Manzoni. Et, successivement, à toute l'habileté descriptive des vaincus, ou vinti, qui font le mérite du romancier sicilien Giovanni Verga et des représentants du vérisme, proche du naturalisme de Zola (mais avec des différences importantes... on pourra y revenir/vous le pourrez également. Donc pas de surcharge de liens ici !).
Victor Hugo, avec son âme d'écrivain aussi bien qu'avec sa conscience de député, se révèle parfait pour illustrer les "rêves" d'un continent auquel on a décerné, pour ses 75 ans, le Nobel de la Paix (car au sens propre dumoins, et c'est déjà remarquable, pas de conflit armé, comme prôné par Hugo)1. Une Europe qui, justement, est appelée à dépasser les frontières nationales, se souciant aussi, et en grande partie autant que possible (autant que souhaité...) de la misère humaine, y compris culturelle. Dans notre précédent "extra", où l'espace et les étoiles nous ont bien fait rêver, nous avons évoqué l'importance des utopies, de ces isole che non ci sono (en référence à la chanson de Bennato), ces îles ou ces astres qui en réalité existent au loin, même plus petits que prévues, après de longues marches. Apparaissant, si l'on préfère, suite à une bonne "randonnée" en milieu sauvage... pour le dire plus à la française, se permettete. Nous avions parlé aussi de cette dose nécessaire de réalisme et de ces capacités pragmatiques, certes importantes. Non pour s'aligner sur ceux qui n'auraient aucun projet d'amélioration et zéro souci de bien-être partagé, mais pour se prémunir d'autres illusions-déceptions caractérisant "à merveille" déjà, nos scénarios politiques, à échelle européenne et internationale. [Oups, notre note ci-après est un petit peu étoffée... et on a préféré ne pas la placer en fin de page (et l'illustrer) pour qu'elle ne risque pas de passer inaperçue ! Pour le moment, si vous préférez, votre suite commence bien par "Ceci admis"...].
Pour Costa-Gavras, qui a toujours traité des pratiques du pouvoir, l’Europe doit changer,
elle doit se réinventer
en direction de la culture, de l'éducation, du social. Cf. article-lien.
LIEN SPÉCIAL POUR NOS CARNETS : RENCONTRES AVEC COSTA-GAVRAS :)
1. À propos des hiérarchies européennes et de la nature des "euroconflits" aujourd'hui (quelques Covid-bouleversements à part), vus et dénoncés par un européiste convaincu, "Culture & Santé" renvoie au dernier film, ou plutôt à cet autre chef-d'œuvre, de Constantin Costa-Gavras, sorti cinquante ans après "Z" : "Adults in the room" (sources très authentiques...). Inflexibilité politique, mais aussi et surtout, mépris de certaines figures clé à l'égard de pays Méditerranéens comme la Grèce, priment jusqu'à une arrogance sans limites, parfaitement illustrée sur grand écran, et à une injustice évidente. La dette grecque et ses conséquences dépassent de loin les responsabilités internes au pays, prenant des proportions aussi invraisemblables qu'intenables (certains ennemis de la Grèce le reconnaissent d'ailleurs, se contredisant auprès de la Grèce elle-même... mais en a parte). Un bijou aussi esthétique que dense et pédagogique, sur un sujet central, l'Europe, qui en général, est délaissé, au cinéma comme à la télévision... À (re)voir assolutamente : d'ailleurs, faites comme si ce film se trouvait dans notre espace dédié ! La VO sous-titrée offrant en plus, bien sûr, tout le charme des sonorités de la langue grecque ;) Cf. lien France-Culture.
Ceci admis, il y a danger, en revanche, lorsque ces "pincettes" que l'on prend avec le réalité prennent le pas sur nos plus belles aspirations et sur leurs applications, envisagées patiemment, y compris donc sur le long terme, en recueillant le soutien et la coopération de ceux qui croient aux mêmes valeurs et aux mêmes besoins. On peut aussi se dire que "mettre la barre trop haut" - pour parler simple - semble devenir légitime justement, au regard d'obstacles ou de haies elles-mêmes trop hautes. Bref : il s'agirait de penser plus haut - mais en connaissance de cause et contexte - pour ne pas atterrir trop bas... D'autre part, par le courage, le sacrifice et les grandes visions d'avenir, que de choses, et de droits, pourtant dits impensables, ont bien été obtenus dans l'Histoire... même si rien n'est acquis, selon les mouvances de notre temps. D'où l'importance de savoir... de connaître le "prix de nos conquêtes" dans le meilleur sens de l'expression. Afin de ne pas (souvent "de ne plus") les perdre en un tour de main/de savoir les reconquérir.
C'était notre partage, chers lecteurs "FR". et "IT" (et "EU !) des réflexions aussitôt inspirées par la lecture du discours de Victor Hugo au congrès de la Paix de la Paix de 1849. « Un jour viendra... ». Mais que dirait Hugo aujourd'hui ? Même si on connaît la réponse, il faudrait très bien connaître son contexte de départ. Et surtout : renoncer à ce qui fait appel à notre civisme et à cette "fraternité" qui fait toujours la devise de la France, affaiblir l'Europe par des "Exit" nés de la colère, ne pourrait pas être sans conséquences, à tout niveau, surtout en ces temps de "panfragilisation" sanitaire. Voici pourquoi certains discours surprennent toujours pour leur actualité, et semblent demander à renaître aujourd'hui avec courage et pertinence. Grâce à ces réflexions et à ces volontés "de patrimoine", essayons de bien garder le cap sur une Europe - et par là sur un monde - plus juste et équitable ! Car l'Europe est aussi un état d'esprit, une vision de solidarité à échelle humaine (supra-nationale et à visée mondiale), qui nous permet une note d'actualité. Nos dernières virus-vicissitudes, mettant au centre nos brevets de vaccins, notre hémisphère Nord face au tant délaissé hémisphère Sud, apparaissent en ce moment une vraie occasion manquée... y compris dans notre propre intérêt. Comment peut-on invoquer dans ce cas un "retour" de solidarité ?! Visiblement, disons que le "pan-" de pandémie n'a pas encore été "tout à fait" assimilé (cf. dernière intervention du Professeur Burioni sur l'Inde, dans notre page info virus).
On terminera donc avec ces célèbres propos de Victor Hugo (très belle introduction comprise) sur cette Europe que l'on aime et qui, aujourdh'hui encore - rappelons-le ! - est parfaitement incarnée par des personnalités réellement mues par l'intérêt collectif, dans une démarche loyale et attentive aux besoins réels des européens de toute latitude.
Vous pourrez prendre connaissance de l'intégralité du célèbre discours de l'auteur des "Misérables" via notre lien (rouge) ci-dessus. Voici néanmoins, en bas de page, quelques extraits de cette parole connue et reconnue, à l'intention d'une Assemblée qu'on imagine très proche de nous, au point d'en entendre presque les applaudissements... Des extraits pour parer un peu au cruel manque de temps qui nous domine ; ou pour se faire plaisir, dans tous les cas, avec un condensé de quelques inamovibles notions phare, que l'on retient volontiers malgré et en vertu de la complexité du monde et de ces relations d'interdépendance économique et de profit, compromettant facilement l'âme de l'Europe, et notre âme tout court.
Mais tout n'est pas perdu et, ici, la voix du passé nourrit nos espoirs d'avenir, ou plutôt nos espoirs de changements/corrections dans le bon sens/dans "quelque chose" de meilleur... Écriture inclusive à part (sur laquelle on reviendra), quel.le.s citoyen.ne.s. (et européens) sommes-nous devenu.e.s, derrière les plus ou moins big-consommateurs que nous sommes, souvent moins soucieux de politique, d'Histoire et de progrès que ceux qui nous ont précédés (et malgré ce que l'on pourrait croire formellement) ? Des citoyens parfois prêts à confier les "suprêmes" pouvoirs à ceux qui jadis étaient en retrait et qui, au nom d'une démocratie (très) mal comprise, expriment aujourd'hui, en France comme partout, leurs "solutions", envers et contre tous et sur tout sujet. Dommage seulement que ceux qui rassemblent la nation, à en croire leur "nouveau" nom, ne saisissent pas le péril que constitue, toujours au programme, leur historique et foncier rejet absolu de cet Autre hors normes (concessions éléctorales à part). Un rejet franc, "argumenté" et "assumé" (toujours entre guillemets) qui, dans un contexte déjà irrigué par la violence, se superpose volontiers à la haine et à ses désastreuses conséquences. De fait, on assiste à un cercle vicieux où l'insécurité ambiante, vraie et souvent récupérée, génère une haine encore plus grande et instinctive. Une agressivité totalement gratuite et immotivée, ou profitant au passage d'un ponctuel, grave et déplorable laxisme envers coupables ou délinquants de toute sorte. À y réfléchir un peu, et pour le dire simplement, (presque) aucune menace n'existerait si l'on savait, et l'on voulait, mieux jongler entre éducation et sanction/condamnation, et si on laissait derrière la porte, et par delà le reste, ceux qui, de près ou de loin, prônent ou même tolèrent l'expéditive mise à l'écart d'un ou de plusieurs boucs émissaires.
L'Europe des vingt-huit à laquelle on veut croire (également grâce, comme indiqué, à ces personnalités qui savent encore la porter), et qui en tout cas reste à l'horizon, liée à ses conquêtes effectives, est loin de toute solution facile, d'égoïsmes (personnels ou de genre !), ou de hiérarchies convenues et d'apparat. Ordonnancements et jeux de pouvoir liés à ces sentiments de supériorité dictés par l'argent, la puissance ou, selon héritage justement, et de manière plus ou moins voilée, dictés par une idéologie. L'Europe qu'on espère malgré tout est encore, à presque deux siècles de distance selon exemple, celle d'un homme de lettres (et politique) comme Victor Hugo (extraits ci-dessous, comme promis...).
Ringraziandovi per l'attenzione... qui di seguito, quindi (e per intero nel nostro link italiano), la nostra difficile "scelta" di esortazioni e speranze del romanziere, uomo politico ed intellettuale a tutto tondo Victor Hugo:
« Il est tout simple que, dans cette heure de nos troubles et de nos déchirements, l’idée de la paix universelle surprenne et choque presque comme l’apparition de l’impossible et de l’idéal ; il est tout simple que l’on crie à l’utopie ; et, quant à moi, humble et obscur ouvrier dans cette grande oeuvre du dix-neuvième siècle, j’accepte cette résistance des esprits sans qu’elle m’étonne ni me décourage. Est-il possible que vous ne fassiez pas détourner les têtes et fermer les yeux dans une sorte d’éblouissement, quand, au milieu des ténèbres qui pèsent encore sur nous, vous ouvrez brusquement la porte rayonnante de l’avenir ?
Applaudissements.
(...)
Un jour viendra où vous ne vous ferez plus la guerre, un jour viendra où vous ne lèverez plus d’hommes d’armes les uns contre les autres, un jour viendra où l’on ne dira plus : les Normands ont attaqué les Picards, les Lorrains ont repoussé les Bourguignons. Vous aurez bien encore des différends à régler, des intérêts à débattre, des contestations à résoudre, mais savez-vous ce que vous mettrez à la place des hommes d’armes ? Savez-vous ce que vous mettrez à la place des gens de pied et de cheval, des canons, des fauconneaux, des lances, des piques, des épées ? Vous mettrez une petite boîte de sapin que vous appellerez l’urne du scrutin, et de cette boîte il sortira, quoi ? une assemblée en laquelle vous vous sentirez tous vivre, une assemblée qui sera comme votre âme à tous, un concile souverain et populaire qui décidera, qui jugera, qui résoudra tout en loi, qui fera tomber le glaive de toutes les mains et surgir la justice dans tous les coeurs, qui dira à chacun : là finit ton droit, ici commence ton devoir. Bas les armes ! Vivez en paix !
Et ce jour-là, vous vous sentirez une pensée commune, des intérêts communs, une destinée commune ; vous vous embrasserez, vous vous reconnaîtrez fils du même sang et de la même race ; ce jour-là, vous ne serez plus des peuplades ennemies, vous serez un peuple ; vous ne serez plus la Bourgogne, la Normandie, la Bretagne, la Provence, vous serez la France. Vous ne vous appellerez plus la guerre, vous vous appellerez la civilisation !
(...)
Un jour viendra où l’on verra ces deux groupes immenses, les États-Unis d’Amérique, les États-Unis d’Europe (Applaudissements), placés en face l’un de l’autre, se tendant la main par-dessus les mers, échangeant leurs produits, leur commerce, leur industrie, leurs arts, leurs génies...
(...)
Et Français, Anglais, Belges, Allemands, Russes, Slaves, Européens, Américains, qu’avons-nous à faire pour arriver le plus tôt possible à ce grand jour ? Nous aimer. [veuillez apprécier ici le type de langage politique qui "passait" davantage : une grande simplicité pour être clairs, sans peur de paraître excessivement enthousiaste ou même naïf].
Supposez que les peuples d’Europe, au lieu de se défier les uns des autres, de se jalouser, de se haïr, se fussent aimés : supposez qu’ils se fussent dit qu’avant même d’être Français, ou Anglais, ou Allemand, on est homme, et que, si les nations sont des patries, l’humanité est une famille ; et maintenant, cette somme de cent vingt-huit milliards [dépenses militaires], si follement et si vainement dépensée par la défiance, faites-la dépenser par la confiance ! Ces cent vingt-huit milliards donnés à la haine, donnez-les à l’harmonie ! Ces cent vingt-huit milliards donnés à la guerre, donnez-les à la paix !
Applaudissements.
Donnez-les au travail, à l’intelligence, à l’industrie, au commerce, à la navigation, à l’agriculture, aux sciences, aux arts, et représentez-vous le résultat.
*
Notre dernier mot (même si notre continent fera sans doute retour sur nos pages) : « l'Europe embrasse une diversité culturelle maximale ». Officiellement, les valeurs de l'Europe restent « l'inclusion, la tolérance, la justice et la non-discrimination ». Et, en référence à notre lien de page blog, les italiens ne doivent pas faire penser uniquement à la "Dolce Vita" (même si, face à trop de rigueur budgétaire, cela signifie aussi la capacité de fournir d'autres réponses, par delà la caricature...) : clic sur cette présentation. Et, si vous voulez, continuez ou reprenez votre navigation sur ce blog pour quelques belles balades virtuelles (anti-confinement et sans couvre-feu) à Rome, Turin, Milan, Bergame, et ailleurs en Europe :)
Dans le prolongement de cette page
...notre rencontre avec Denis Langlois