Barbie - G. Gerwig 

BIENVENUE À BARBIE LAND...

 

 

Barbie filmClic sur l'image pour la bande-annonce :)



Après les expos - dont une, vraiment très réussie, à la bibliothèque Louis Nucéra de Nice - voici 
un film enchanté et enchanteur sur l'énorme phénomène socio-économique que nous connaissons tous. Et que (quasi ?) toutes les ex-fillettes ont connu. D'ailleurs, sur ce point, chapeau à la scène introductive, où l'on voit de manière très saisissante comment la première vraie Barbie en maillot de bain1 supplante victorieusement et en un clin d'œil, poupées et poupons, ainsi que tout l'instinct matérnel qui va avec. Pour mieux cultiver un autre instinct, celui de ressembler déjà, quelque part, à ces jeunes femmes "bellissimes" (et, comme on le sait, de plus en plus diversifiées, au delà leur métier/fonction). Si longilignes, si élégantes et au sourire si charmeur.

Dans ce long métrage naturellement fort médiatisé et pré-acclamé, les décors rose bonbon de Barbie Land - on ne s'arrêtera pas ici sur l'idée originale de Ken Land - nous paraissent parfaits, même si justement, on aurait pu s'y arrêter encore un peu plus (où se trouve le grand ascenseur de la maison de Barbie, si pratique et fascinant ? Où sont les jolies plaques de cuisson dans la cuisine ? Bien trouvé en revanche pour le lait et l'eau, que notre poupée préférée doit feindre de boire).

L'autre côté de la médaille, derrière paillettes et insouciance, est lui aussi représenté sur grand écran, dans les répliques assurées d'une ado désabusée. Barbie "serait" avant tout un vecteur royal de l'ultra-consumérisme ou d'un américanisme à la recherche du profit comme du lavage de cerveau, qui ne jure que par les apparences (bienvenue aussi, au passage et en coulisses, à "Shopping Land"...). Et cependant, le film donne à voir, en même temps, tout le contraire, d'un point de vue poétique (comment renoncer au rêve ?) comme d'un point de vue hautement féministe. Au cœur du film, il s'agit pour l'attachante protagoniste2 ou "Barbie stéréotypée", comme pour toutes ses sœurs Barbies, de sortir du piège du "patriarcat" : les Kens3 autrefois très amoureux et romantiques ont pris le pouvoir, à cause... d'une soudaine communication entre l'univers de Barbie et notre pauvre, très imparfaite, planète Terre... Les femmes-Barbies - en vertu d'une nécessaire transformation - ne se laissent pas faire pendant longtemps. La situation redevient celle de départ, dans une intrigue presque circulaire, car au fond, en réalité, l'épilogue montre une situation même meilleure qu'au début, Barbie troucant aussi les mots pour s'excuser, à propos de son excès de distance et surtout de sa "girl-frivolité" face à son Ken (même si il nous semble qu'elle n'en est jamais réellement amoureuse : à creuser ou bien à accepter comme dans une vraie caricature...).

Ceci noté, de notre point de vue, au cœur de l'action l'intrigue se perd en quelques "sous-récits" pas assez clairement et rapidement illustrés. Parallèlement, la rencontre entre les mondes devrait être articulée de manière plus transparente, ce qui ne signifie pas plus légère pour le propos du film. Un beau message sur l'égalité hommes/femmes et sur l'indépendance féminine (la femme libre et mûre, qui peut et doit penser aussi, sans crainte, au temps qui passe). Une intention narrative que l'on perçoit bien néanmoins, quoique de manière très mouvementée, sans s'ennuyer. En particulier lorsqu'on a à faire à la "drôle" d'équipe de la maison mère, Mattel, lorsqu'on est reçus chez la Barbie que l'on maltraite (hélas !) baptisée "Barbie bizarre", qui cache de belles qualités... Jusqu'aux moments clé (et surprise) où notre ravissante Miss fait la rencontre de Ruth Handler, la Lady créatrice d'une Barbie/Barbara de plus en plus consciente et humaine, qui ne craint plus d'avoir parfois des pensées négatives ou de verser quelques larmes, comme ici bas. Car la souffrance ou même la mélancolie font gradir...

Que dire enfin, un bon parfum de musical entre boys and girls qui "Grease" (grise...), même si dans l'ensemble, l'appréciation oscille entre "peut mieux faire" par certains côtés, et "agréable et distrayant" + non dépourvu de contenus.
En tout cas, bienvenue à Barbie Land... Mais, ensuite, éblouis à point, n'oubliez pas de revenir sur terre avec un regard tout neuf sur ce qui fait de nous de simples mortels, et bien plus encore !

 

 

1. La première Barbie, sortie le 9 mars 1959, porte un maillot de bain rayé noir et blanc et arbore sa célèbre queue de cheval. Son visage, en revanche et au vu des standards actuels, peut prêter à sourire. Mais c'est là aussi son charme... Voir aussi "L'évolution de Barbie dans le temps", et les Barbies célébrités, ainsi que l'amie noire, Christie, puis les Barbies noires et hispaniques ;) Et par ailleurs, le saviez-vous ? Barbie reprend le principe de Bild Lilli, première poupée mannequin lancée en Allemagne un peu plus tôt.

2. Toute la crème du cinéma made in USA est réunie, paraît-il, dans ce dernier "Barbie", en chair et en os (ici les différents films d'animation). 20/20 en effet au jeu des deux protagonistes, Margot Robbie et Ryan Gosling (qui, en même temps, "prennent leur pied", et ça se voit !).

3. À sa naissance le 11 mars 1961, Ken est un jeune garçon blond ou châtain, aux yeux bleus, haut de 30 cm (un de plus que Barbie !). Pour nous, il n'a jamais été juste "un accessoire" de Barbie mais, bien sûr, cet élément un brin caricatural sert les péripéties du film :)