BERNADETTE - Léa Domenach
HUMOUR ET POLITIQUE
Quel bonheur de voir à l'affiche, réunis, Catherine Deneuve et Denis Podalydès ! Entendez Bernadette Chirac et son chargé en image et communication, aux manières si vraies. Le grand plus du film : un jeu parfait de tous les protagonistes, bien sûr, à commencer par celui de Michel Vuillermoz/Chirac, qui divertit déjà, ne serait-ce que par la ressemblance physique, ou par son visage qui est déjà une caricature de celui qui a été président de la République de 1995 à 2007 (période du film), après deux mandats en tant que Premier ministre de 1974 à 1976, et de 1986 à 1988, sous François Mittérand (dure dure, la cohabitation...).
La clé du film est d'abord dans la légèreté et l'humour (deux spectateurs s'esclaffaient particulièrement dans notre salle !), donc ne vous attendez pas à une lecture très critique de l'opération pièces jaunes (la grande solution médiatique d'une Bernadette Chirac en mal de popularité, et même « ringarde »), de la corruption ou des emplois fictifs dénoncés, dont on entend parler très vite fait bien fait à la radio, que Bernadette s'empresse d'éteindre pendant qu'elle parfait sa toilette.
Mais essayez de ne pas rater cette "fiction", tout de même audacieuse dans son genre, qui retrace une chronologie importante dans un style semi-documentaire où le rival et "ami" Monsieur Sarkozy est très présent à l'appel, avec tous ses "signes distinctifs" (bravo aussi à Laurent Stocker). Un film qui focalise donc davantage sur sourire et plaisir (ce travail est ponctué de gestes, paroles et postures grotesques), tout en sonnant vrai. Tandis que le projecteur est pointé sur l'héroïne, la femme de l'ombre qui - grâce à un travail progressif et patient - vole la vedette à son mari, dépité... Tout en devenant une vraie "femme people" grâce à des "trucs et astuces" (pièces jaunes à part) bien étudiés, qui la surprennent d'abord, et qu'elle suivra presque instinctivement et à la lettre par la suite, mais non sans arborer quelques jolies broches tortues...
Bref, l'on est d'abord confronté, avec l'humour, à un volet psychologique qui fait aussi l'originalité d'un film bien ryhtmé. Au passage, on découvre des coulisses du pouvoir attendues et incisives à la fois. Par exemple, Jacques Chirac n'est pas le plus doux des maris, mais ses conseillers ou plutôt acolytes font encore moins dans la dentelle !
En conclusion, tout en ayant passé "un bon moment", on se dit que, peut-être, la politique devrait être autre chose (deuxième livre proposé, de Denis Langlois), par delà tout le talent de Catherine Deneuve, qui parvient à insuffler un charme innocent à la première dame en question.