MAISON DE RETRAITE 2 - Claude Zidi
UNE ÉQUIPE DE CHOC POUR LA BONNE CAUSE
"Maison de retraite est bel et bien une comédie. Qui fait réfléchir, soit, mais nous fait bien rire d'abord. Nous y avons vu une parfaite adhérence au premier volet, "Maison de retraite" (1) mais... globalement et vu le sujet, nous aurions souhaité qu'après tous les rires du premier opus, nous puissions véritablement y lire aussi une tragicomédie (donc un genre que nos amis transalpins connaissent et maîtrisent parfaitement, il faut bien l'avouer). La bonne cause existe bien, qui plus est servie par de grands acteurs, mais elle n'est pas assez développée.
Pour le dire en d'autres mots, la partie dramatique et administrative, la triche, les priorités financières "avidissimes" qui marquent brusquement mais habilement la partie finale, entre surprise et désarroi, auraient pu être traitées avec plus de lenteur, pour mieux suivre ces dynamiques économiques qui font très mal aux personnes âgées et, en même temps, constituent une estocade à l'ensemble de la société française (même si, hélas, ce souci dépasse les frontières), toujours par delà l'expression de "pays civilisé"...
Car, manigances des coulisses à part, il y a évidemment tout le côté humain associé, qui finit par s'écrouler complètement. On pense, bien entendu, aux maltraitances bien connues et qui découlent directement de cette politique de profits et surprofits, venant des grands groupes que l'on sait, de plus en plus démasqués dans leurs "combines". Un phénomène gravissime (euphémisme...) dont "C. & S" s'est déjà occupée, mais cela n'est jamais trop.
Les protagonistes, tous plus sympathiques l'un que l'autre, Kev Adams en tête, d'abord heureux et enthousiastes, finissent par être complètement piégés et perdus, aux mains d'ISS ("individus sans scrupules" selon ce que nous venons d'inventer, hélas !). C'est aussi que le protagoniste se fait beaucoup d'illusions dans ce cas, il est enthousiaste et, à un moment donné, il baigne dans une attendrissante naïveté.
Pour faire bref, à l'arnaque de la signature, notre équipe de choc répond par l'arnaque d'une autre fausse signature, pour une affaire qui, heureusement - et c'est l'avantage de beaucoup de films - tombe dans l'eau, dans "le meilleur des mondes possibles", sur la Côte d'Azur ; notre bien aimée Côte d'Azur, si merveilleuse et où, hélas, se nichent (là aussi) aussi avidité, indifférence et cruauté, implicite dans ses faits et conséquences !
"Détail particulier" : Gérard Depardieu, très présent dans "le premier tome", revient ici sous la forme d'un souvenir ému, car son personnage n'est plus... un souvenir très positif de résident à la fois combatif et généreux. Mais "laissons ici" ce qui est, ce qui a été découvert de l'acteur et de la personne, si loin de ses moult incarnations (pensons surtout à notre cher Obélix !). Et, pour rester encore un peu sur les acteurs, soulignons la très belle prestation d'Amanda Lear, à la fois si vraie et divertissante.
Pour résumer, voici un film à voir bien sûr, pour condamner, à notre tour, ce qui se joue (ou peut se jouer... ) derrière les plus beaux des rideaux, car en ce bas monde "l'argent est roi" (mais ne plongez pas dans la fatalité !). Ayez bien à l'esprit, à partir de nos infos et au delà (on l'a dit, ce n'est pas "assez" présent dans le film), les maltraitances contre les résidents (courantes par "manque de moyens"... mais il faudrait aussi, au même niveau, dénoncer la gestion de ces moyens !).
C'est enfin le moment, avec nous (et pas seulement pour nous-mêmes, quand ce sera à notre tour !!), de bien se poser la question : peut-on encore trouver - aujourd'hui et demain, près de chez nous... - quelques EHPAD accessibles, qui font exception, qui sont comme un refuge, un refuge où le soin et la sérénité priment sur tout le reste ? Des EHPAD - ou autres formes comme les résidences seniors, par delà les différences - où il fait bon vivre, dans la sociabilité comme dans une solitude non subie, une tranquillité, avec un taux suffisant d'amabilité des soignants (lié surtout au temps disponible, lui-même lié aux sous effectifs et à une gestion de la honte...) ? Voilà un point des plus sérieux, par delà le rire. Le rire qui dédramatise le temps d'un film, bien sûr, et qui fait toujours du bien, mais qui ne doit pas absolument pas faire reculer la réflexion, capitale à ce sujet, car il en va d'abord de la dignité humaine, et de mille autres choses, si indispensables... Savoir un résident délaissé (ne serait-ce qu'un seul !) pour mieux gagner et régner, nous plonge tous dans une injustice et une obscurité absolues, et nous écrase dans l'inacceptable et l'inconcevable.