Quand on y pense... le grand Charles Aznavour aurait eu cent ans cette année... "Son" film est à la hauteur, c'est un vrai régal, dirigé par Mehdi Idir et Grand corps malade (ayant déjà travaillé à deux films ensemble,"Patients" et "La vie scolaire"). Ce biopic exhaustif rend hommage comme il se doit à une icône, une légende de la musique française. Le dernier chansonnier sans doute, si on s'en tient au sens strict du terme "chansonnier", où les paroles, dûment travaillées, sont de première importance... Parti de rien, Charles est en tout cas parvenu au sommet, en à force de se voir "déjà en haut de l'affiche" ! Avec un peu ou beaucoup de chance, soit, mais d'abord grâce à un talent de génie.
Citons d'emblée... ce qui n'apparaît pas dans la film (!). "Le cabotin", équivalente à "L'istrione", chantée et tout aussi théâtralisée, par Massimo Ranieri. Puisqu'on y est, indiquons en passant que les relations avec l'Italie ne sont pas très développées ici, mais quand on ne peut dire tant mieux, on dit encore, dans ce cas, tant mieux. Car on se concentre sur autre chose, sur des pans de vie privée par exemple ; qu'on ne connassait pas forcément et qui font l'homme, un homme fait pour être, si ce n'est une bête de scène (car nous ne chérissons pas particulièrement l'expression), un immense artiste.
Et pour rebondir sue ce point, on saisit toute l'internationalité (et la générosité !) du personnage, sa grande aisance et tout le plaisir de chanter dans des langues étrangères, qu'il s'approprie presque à la perfection (ou même à la perfection lorsqu'il saisit tout l'esprit de tel ou tel autre idiome). Mais revenons au plus près du film : mille bravos à l'acteur principal, Tahar Rahim (lien ++, un quart d'heure) qui a parfaitement "scanné" et restitué des postures et toute une allure, en plus d'avoir saisi le caractère de "Charles", à la fois ouvert et fermé. Et bien dosé, avec intelligence, en fonction des rencontres, si importantes dans ce milieu.
À ce propos, sa rencontre et polycollaboration (jusqu'au basta !) avec la célébrissime Edith Piaf, l'excellente Marie-Julie Baup (qui n'enlève rien à la tout aussi fabuleuse Piaf de Marion Cotillard), sont des vecteurs révélant encore davantage leurs personnalités d'artistes avec un grand A. Bref, l'entièreté - et les aspérités - de ce type de relation n'auront échappé à personne.
Précisons bien que toute l'équipe du film s'est réunie... à Nice, en clôture du Festival Cinéroman, que "Culture & Santé" a suivi de près (débats compris), chers et fidèles lecteurs !
Notre point final ? De petites ou grandes curiosités :)
1) C'est au producteur et gendre de Charles, Jean-Rachid Kallouche, qu'Aznavour avait fait part de son désir de faire un biopic sur sa vie.
2) Chiffres non superflus : plus de 1200 titres ont été interprétés dans le monde entier par Monsieur Aznavour et dans huit langues différentes.
3) Pour bien affiner son interprétation du chanteur, Tahar Rahim a travaillé avec un psychologue (et ça se voit).
4) Il nous reste l'envie de vous faire (ré)écouter "La Bohème" en italien et "L'istrione", toujours en italien (vedasi anche commenti!), par l'immortel Charles Aznavour...