PERFECT DAYS - Wim Wenders

 

UNE SOLITUDE SEREINE

 

Perfect days affiche


Juste un peu d'ironie dans le titre, car les jours sont loin d'être parfaits quand, au quotidien, on se doit de nettoyer les toilettes publiques. Et, ce, même si celles-ci ont des couleurs et un fonctionnement hight tech ou d'avant-garde...
Ce film germano-japonais est une balade poétique et spirituelle dans une ville japonaise qui, selon certaines critiques (en effet...) pourrait être américaine ou européenne.

Car le réalisateur, Wim Wenders, du haut de ses 78 ans, sublime la routine d'un agent d'entretien (polyvalent, bien sûr !). Hirayama est un homme d'un certain âge, dont la vie est bien rythmée entre travail et vie privée. « Une fiction douce sur la fluidité du quotidien », selon "Télérama". À notre échelle, nous ressentons plutôt une saveur douce-amère, sur le poids du quotidien et des clichés, qu'on arrive à vaincre - ou du moins à apaiser en bonne partie - par l'intelligence. Et c'est bien le message du film, discret mais efficace. Comment s'en sortir dignement ? Par une sorte de spiritualité, de curiosité en tout cas, de calme et d'ouverture, qui s'ajoute à l'esprit consciencieux que mérite tout type de travail.

En effet, ce taiseux et réflchi protagoniste (en cela la mise en scène est encore plus méritoire), parvient à une "sagesse" ou "force tranquille" (!), en faisant surtout recours au rite de la lecture du soir. Son luxe étant bien celui d'être entouré de livres (et même, paradoxalement, de se passer d'un vrai lit !). De plus, notre humble personnage - qui, seul, tient le film par sa seule présence et son regard - aime autant la photographie et ce qu'elle permet, la communion avec la nature, et le fait, loin d'être anodin, de garder une sensibilité appuyée sur toutes les formes de beauté, dans la simplicité, et avec un esprit rétro, car un peu de nostalgie bien placée a son mot à dire...

Par contre, on ne vous dévoilera rien sur ses liens de de parenté, sur des contrastes parfois très déchirants et, côté opposé, sur le bonheur, si furtif, de la confrontation avec les nouvelles générations, souvent bien plus ouvertes que les précédentes. Mais pendant combien de temps ? Car grandir est aussi perdre son innocence et ses bonnes intuitions, influencés que l'on est par ses proches.

Ici, rythme lent, puis répétitif, ont tout leur sens. Et sont compensés par d'autres éléments et même par un aspect didactique très pudique, aussi pudique et naturel que la façon d'exercer un métier si particulier. Bref, au niveau des nominations, des prix et récompenses  - l'acteur principal, Koji Yakusho, a remporté le prix d'interprétation masculine à Cannes 2023, et l'ouvrage a obtenu le prix France Inter - voici un film qui aurait peut-être mérité encore davantage. À découvrir.