Un p'tit truc en plus - Artus

 

Valeur ajoutée, valeurs sûres

 

Une bande annonce assez captivante...

 

Un chromosome en plus, ou trois exemplaires au lieu de deux, revient bien, en général, à quelque chose de plus ou ad una marcia in più, comme on dirait dans la langue de Dante. Ce film en est la démonstration. Un film qui s'adresse à un public déjà partisan de la bonne cause (et qui a applaudi en fin de séance). Et qui s'adresse aussi, bien évidemment - et d'autant plus - à ceux qu'il faudrait encore convaincre...

"Madame Figaro" a dédié sa couverture (et son article) à ce sujet si remarquable. En général, on n'aime pas trop les chiffres mais oui, là ils servent pour confirmer notre adjectif : disons "seulement" que le cap des cinq millions de spectateurs a été franchi en un mois ! Artus, notre nouveau metteur en scène, humoriste depuis ses débuts, a fait du bon travail, tout d'abord en réunissant acteurs confirmés et jeunes handicapés, pour le plupart trisomiques. Il nous a fait beaucoup rire, de très bon cœur, sans manquer de nous faire réfléchir.

Permettez-nous de dire que chez "Culture & Santé", on a eu le plaisir de faire connaissance, au sein de notre groupe down (mais ce film, et bien autre chose, en fait tous des up !), avec une autre gentille et coquette Marie - et, pour dire encore quelque chose "en plus" ! - aussi gentille que consciencieuse. Quant à la Marie du film, on la retrouve, avec son sourire solaire, sur le tapis rouge cannois, esquisser une danse, la danse du bonheur. Celle qui suit toute sorte de réalisation réussi, celle qui marque un temps d'insouciance et d'espoir dans un monde encore largement exclusif, mais qui - heureusement ! - correspond aussi, désormais, à une condition d'inclusion admise et même très dignement accueillie. Et, ce, même si les droits, aujourd'hui surtout, hélas, ne sont jamais complètement acquis, et les exemples ne manquent pas en ce sens. Cela s'appelle une civilisation en danger... mais la société civile est là (cela sera-t-il suffisant ?) pour intervenir auprès des institutions, pour défendre et à protéger solidement.

Ceci souligné, "amusez-vous" à détecter, sur un point très précis, comment les quelques personnages "dans la norme" se permettent de vouloir décider pour les autres... avec une injuste posséssivité... comment ne pas comprendre que l'on s'attache forcément à "tous les plus" de cette joyeuse bande ; à leur façon de voir la vie, de se rapporter aux autres, à leur capacité à sourire et souvent à dire, à communiquer avec confiance et enthousiasme. En les appréciant ainsi, notre envie pour un monde meilleur grandit en nous, nos capacités d'écoute et d'attention se révéillent, dans une vision de l'humanité qui fait sens. Le tout est encouragé par ce type de cinéma (pour le handicap, citons "Le huitième jour" de  Jaco Van Dormael et, plus près de nous, "Les intouchables" d'Olivier Nakache et Éric Toledano). Un cinéma qui, peut-être pas très fin globalement, a d'autres belles qualités. Et qui dépeint la réalité - y compris celle des braqueurs infiltrés, mention spéciale au "bourru transformé" Clovis Cornillac - ainsi que la puissance si tendre du sentiment amoureux. Nous voilà submergés dans un contexte à la fois insouciant et pas toujours facile, avec les "armes" de la comédie et d'un scénario pouvant peut-être approfondir davantage. Mais quelques jours après avoir vu cette réalisation (faire "décanter" est très utile si ce n'est nécessaire !) certaines scènes se sont reproposées à nous avec bonheur et justesse. Ce qui arrive toujours avec les bons films. À présent... à vous d'attribuer vos étoiles pour que cela scintille encore un peu plus...