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L'une des dernières publications de "Fémina" (n° du 16 au 22 octobre) s'intéresse également à ce sujet fondamental, avec le Docteur Steven Laureys, neurologue, directeur de la clinique du cerveau à Liège, et auteur du livre "Le sommeil, c'est bon pour le cerveau", chez Odile Jacob. Extraits choisis de ses propos, recueillis par Sylvie Boistard, et dont nous nous faisons l'écho.
- Dormir est un mécanisme auto-régulateur qui existe aussi chez les animaux, que ce soit les oiseaux, les chiens ou les poissons rouges. Et eux aussi font des rêves. Mais, contrairement à nous, un seul hémisphère de leur cerveau dort, tandis que l'autre reste en veille.
- Nos recherches nous ont révélé que le très rationnel cortex cérébral était désactivé pendant la phase de sommeil paradoxal, celle des rêves. Voilà pourquoi nous sommes peu critiques vis-à-vis du scénario illogique de nos rêves.
- On ne s'éveille pas parce qu'on a entendu des bruits, mais parce qu'une zone cérébrale précise active le reste du cerveau [mais ne pourrait-elle pas s'activer aussi à cause du bruit ?!]. L'éveil est un phénomène complexe. Le cerveau est un subtil équilibre entre différents noyaux cérébraux, qui libèrent tous des neurotransmetteurs. Certains nous tiennent éveillés (noradrénaline) et d'autres, comme le Gaba (acide gamma-aminobutyrique) freinent littéralement notre état de conscience pour nous emmener vers le sommeil profond.
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Cet approfondissement, mais sur un autre plan, concerne aussi Héloïse Junier, psychologue de la petite enfance, titulaire d'un doctorat sur les émotions du nouveau-né, et auteur du "Sommeil du jeune enfant", aux éditions Dunod. Extraits d'interview.
- Un constat : certains bébés pleurent tout le temps, alors que d'autres dorment (presque) sans arrêt. Les bébés qui pleurent ou qui crient sont surnommés les "bébés sauvages" (!), alors que leur comportement s'explique par le fait que leur cerveau est plus réceptif au stress que la moyenne. Ce stress bloque la synthèse de mélatonine, l'hormone du sommeil, et augmente donc la vigilance. Les facteurs génétiques jouent aussi...
- La qualité du sommeil d'un tout-petit ne dépend pas que de facteurs individuels, l'environnement compte également ! Plus le bébé sera soumis au bruit, à la lumière, moins il pourra s'endormir dans de bonnes conditions. Le contraste entre le jour et la nuit est important à mettre en place au début : chuchoter le soir dans la pénombre, faire faire la sieste en pleine clarté le jour... Ensuite, les courbes de production de mélatonine, qui permettent de distinguer sommeil et veille, vont se mettre en place.
- Les bébés ont des cycles de sommeil beaucoup plus courts que les adultes (50 mn contre 90 à 120 mn). Or, à chaque fin de cycle, il se produit un micro-réveil, qui peut se transformer en réveil si l'on ne se rendort pas spontanément. Ce qui explique que les nouveau-nés peuvent pleurer souvent entre chaque cycle. [Ce gif, par contre, semble donner raison au sens de l'expression "dormir comme un bébé" !].