Cineroman 2024


- Le théâtre de l'Artistique a été aussi le théâtre accueillant la 6ème édition du Festival niçois (et bien au delà !) "Cinéroman", Festival dont nous nous étions occupés ;)

Palmarès, films en compétition et avant-premières à part, cette année nous avons assisté en particulier - avec grand plaisir - au débat intitulé "L'interaction roman-cinéma, en particulier pour la nouvelle génération". Sur la photo, deux représentantes de l'Éducation nationale, plus : Anne Michelet, animatrice et rédactrice en chef de Version Fémina, ainsi que les présidents du jury, scénaristes et réalisateurs Mathieu Delaporte et Alexandre De La Pattelière. Parmi les exemples soumis à réflexion, leur adaptation du roman d'Alexandre Dumas, "Le comte de Monte-Cristo" (lien ++) où le protagoniste, Edmond Dantès, s'insurge contre l'armée, la justice (quelle justice ?) et la finance.

Puis, une réflexion technique et substancielle : adapter n'est pas trahir (mais adopter d'abord, dirions-nous dans un jeu de mots, si l'on veut bien !). Ce qui a été précisé, c'est qu'adapter signifie simplement "traduire" (dans un autre langage, en fonction du média utilisé). Ceci car une spectatrice a insisté sur la non pertinence, selon elle, du terme "adaptation", lui préférant celui de "transposition". Nous y réfléchissons et, comme le disait Alexandre De La Pattelière, il y a toujours une grande différence entre les codes de la littérature et du cinéma1, donc le plus souvent - si ce n'est toujours - il faut pouvoir transformer (avec beaucoup d'habileté !), ne serait-ce qu'un peu certaines scènes ou parties du roman initial, donc savoir s'adapter à l'esprit des différents supports. 

1. A. De La P. ajoute ici (dans un élan de "cinéthéâtre" !) que la pièce de théâtre "Ruy Blas" de Victor Hugo est un bon exemple de la nécessité et de la difficulté de réadapter chaque scène et même chaque situation... Et pour revenir au Comte de Monte-Cristo, la présence de Pierfrancesco Favino au casting (Abbé Faria) ne nous a pas échappé ! Il reste à réfléchir encore et toujours à la vengeance. Est-elle parfois pertinente, pour ne pas dire juste ? Si oui, jusqu'à quel point ?

 

- On ne pouvait espérer invité plus prestigieux, plus modeste et profond que le réalisateur franco-grec Constantin Costa-Gavras. Pour le public de la médiathèque comme pour tout cinéphile qui se respecte. Au Mégarama/Cinémathèque de Nice, Gavras a dialogué avec l'animatrice et s'est adressé à son vaste public (grande salle comble), également pour retracer ses débuts, en écho à ses mémoires "Va où il est impossible d'aller" (cf. nos autres rencontres "Culture & Santé" avec cet immense réalisateur). Une autobiographie où les rencontres sont de première importance (autant que le talent et les opportunités). Un texte savoureusement illustré (disponible par exemple à Nice, à la bibliothèque Louis Nucéra), qui invite à se dépasser intelligemment et artistiquement.

Au programme, juste avant cet échange, un reportage sur "L'aveu", de Yannick Kergoat (film transmis après la rencontre), avec des extraits de film, pointant crimes staliniens et crise morale du communisme.
Dans son discours, Costa a mis l'accent sur la France (révolue ?) où on l'appelait Monsieur et on lui tenait la porte... Son accès à l'École de Cinéma lui aurait même était facilité, sans doute, pour ses dons et ses capacités précoces.

Terminons avec notre question, que nous avons pu lui poser : « Actuellement, Monsieur Costa-Gavras, n'êtes-vous pas, par hasard, en train de préparer un autre film sur notre brûlante actualité, faite de guerres (le terme "conflits" nous a toujours paru un moyen très facile pour bien relativiser !) plus qu'abominables ? ».
Et Costa, mystérieux à ce niveau, s'est néanmoins arrêté sur la guerre au proche Orient, en rappelant son film "Hanna K.", de 1983. Pour "comprendre" historiquement, pour mieux suivre ce qui n'est que sang, injustice et barbarie...

 

Costa 2024

Nice, Mégarama/Cinémathèque, le 5/10/2024